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A l’Institut Pasteur, des chercheurs à l’affût des méningocoques et de leurs mues

Posté le par AFP

« Neisseria meningitidis » n’a pas livré tous ses secrets: la bactérie à l’origine des infections à méningocoques, en fort rebond post-Covid et avec des formes plus inhabituelles, est scrutée par une équipe de l’Institut Pasteur.

Dans un bâtiment de la rue du Docteur Roux, dans le XIVe arrondissement de Paris, se loge le Centre national de référence des méningocoques et Haemophilus influenzae, l’un des trois organismes dans le monde à collaborer avec l’Organisation mondiale de la santé sur les méningites.

« Dans beaucoup de pays, contrairement à la France, la surveillance porte seulement sur les méningites, mais les autres formes d’infections invasives à méningocoques ne sont pas comptabilisées, et on passe à côté d’environ la moitié des cas », a expliqué à la presse le Pr Muhamed-Kheir Taha, responsable du CNR, en amont de la campagne annuelle de collecte de fonds Pasteurdon, qui débute ce mercredi (jusqu’à dimanche).

Le méningocoque, qui se transmet par gouttelettes, n’est le plus souvent pas dangereux. Mais parfois cette bactérie parvient à accéder à la circulation sanguine, voire à franchir certaines barrières internes du corps, comme celle censée protéger le cerveau des attaques de pathogènes.

Sans prise en charge rapide et adaptée, les infections invasives à méningocoques peuvent être fatales. Ou laisser de graves séquelles, comme pour certaines figures des Jeux paralympiques, l’Italienne « Bebe » Vio ou le Français Théo Curin, amputés après des méningites.

– « Aller super vite » –

A Pasteur, des centaines d’échantillons arrivent d’hôpitaux de toute la France pour établir ou confirmer un diagnostic, avec l’aide de tests PCR, parfois identifier la souche et/ou l’antibiotique adapté.

« Par exemple, pour un patient en réanimation auquel l’hôpital veut savoir quel antibiotique donner, il nous faut aller super vite », raconte Samy Taha, chercheur et médecin généraliste. Et de montrer comment des bactéries mises en culture sur un gel réagissent ou pas à tel ou tel antibiotique.

L’équipe du CNR constate un rebond inédit des infections invasives à méningocoques depuis l’automne 2022. En 2023, le nombre de cas a atteint 560, un bond de 72% sur un an et un niveau supérieur à l’avant-pandémie de Covid.

Il existe quatre sérogroupes majeurs: B, C, Y et W. Le méningocoque B reste prédominant en France, le C s’est raréfié avec la vaccination obligatoire des nourrissons depuis 2018, tandis que les W et Y montent depuis 2022.

L’essor des souches W et Y s’est accompagné d’une hausse des « formes inhabituelles » d’infection (formes abdominales, pneumopathies bactériennes, arthrites…) « assez peu connues même par des professionnels de santé », « plus difficiles à détecter », et donc synonymes d’une mortalité plus importante, indique Samy Taha.

– Bactéries « momifiées » –

Dans leurs laboratoires, les « Pasteuriens » essayent donc de comprendre pourquoi certains méningocoques plus que d’autres passent certaines barrières internes, par exemple dans l’abdomen, ou pourquoi le système inflammatoire s’emballe parfois.

Au sous-sol, dans des congélateurs à -80 degrés Celsius, ils conservent des centaines d’échantillons de sérum, du sang d’où ont été extraits les globules rouges notamment.

Les bactéries y sont intactes et, « même momifiées », peuvent être « ressuscitées », selon Samy Taha. Un matériel précieux par exemple « pour retracer l’évolution des souches de méningocoque B sur les 50 dernières années ».

Face à de nouveaux variants, le CNR peut aussi lancer l’alerte.

Comme au printemps, a raconté le chercheur, lorsque « des pèlerins sont revenus d’Arabie saoudite dans plusieurs pays d’Europe avec une souche de méningocoques qui avait disparu depuis 20 ans, puis est revenue là-bas un peu modifiée, et enfin ici ».

Un outil clef de prévention contre les méningocoques reste la vaccination, insistent les spécialistes. Pour se protéger soi-même, en apportant des anticorps au niveau de la gorge, et protéger les autres en ne transmettant pas la bactérie.

En France, la vaccination des bébés de moins d’un an contre les méningocoques A, B, W et Y – de même toujours que C – sera obligatoire à partir de 2025. Actuellement, seule la vaccination anti-méningocoques C est obligatoire chez eux, celle contre B recommandée.

Le vaccin ciblant ACWY est aussi recommandé chez 11-14 ans, et un rattrapage chez les 15-24 ans.

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