Le dernier dossier de la revue 60 millions de consommateurs dénonce les dangers de la cigarette électronique.
Les Français seraient près d’un million à vapoter. Entendez : à aspirer les vapeurs d’une cigarette électronique. Un engouement massif lié en partie au fait que ces fausses cigarettes sont considérées comme sans danger, et présentent une alternative très tendance aux vraies cigarettes. Mais cette mode pourrait bien s’essouffler devant l’enquête dévoilée fin août par 60 millions de consommateurs.
Le magazine n’hésite pas à tirer la sonnette d’alarme et à rappeler que si les cigarettes électroniques sont effectivement moins dangereuses pour la santé que le tabac, elles n’en demeurent pas moins un objet à risque !
Pour preuves, les journalistes ont analysé la vapeur émise par les e-cig. Un système spécifique de machine à fumer a été conçu. Sa tubulure très courte permet d’éviter que des dépôts par condensation viennent minorer les dosages. Des aspirations de 3 secondes, espacées de 30 secondes, simulaient un vapotage moyen.
Les analyses révèlent plusieurs problèmes. Tout d’abord, un décalage parfois fort entre les quantités des substances indiquées sur les étiquettes et la réalité. Surtout, la présence de certaines substances toxiques n’est pas toujours signalée, certaines étant pourtant cancérigènes. Voilà par exemple ce que l’on peut retrouver dans certaines de ces cigarettes (mesures pour 15 bouffées):
- formaldéhyde : 0,2 à 11,3 microgrammes, selon la marque
- acétaldéhyde : 0,1 à 13,5 microgrammes, selon la marque
- acroléine : 0,1 à 4,4 microgrammes, selon la marque
- nickel : 0,2 à 12 nanogrammes, selon la marque
- chrome : 1 à 6,7 nanogrammes, selon la marque
[source 60 millions de consommateurs]
Pas très sain, en effet. Sans compter que certaines e-cig contiennent de la nicotine. C’est même un des arguments utilisés pour la présenter comme une technique de sevrage du tabac. Mais la nicotine est une substance toxique, on aurait tendance à l’oublier.
Le magazine Que Choisir s’est lui aussi intéressé au phénomène des cigarettes électroniques, révélant que deux marques (Alphaliquid et D’lice) présentaient dans le liquide un taux supérieur au seuil de 20 mg/ml qui font basculer ces e-cig du côté des médicaments. Problème aussi pour les Conceptarôme dont le liquide affiché sans nicotine en contient 0.95 mg/ml tandis que celui censé en avoir 19mg/ml en était dépourvu.
Les mesures des deux magazines concordent donc en termes de constat d’étiquetage douteux. Néanmoins, Que Choisir n’a pas constaté la présence de substances cancérigènes en sus des substances attendus que sont le propylène glycol, de la glycérine végétale, de l’alcool ainsi que des arômes. « Que Choisir n’a pas analysé les vapeurs issues des cigarettes électroniques. C’est bien dans les vapeurs que nous avons décelé des composés potentiellement cancérogènes » explique 60 millions de consommateurs. Que choisir s’est tout de même intéressé à l’existence ou non d’un rejet en monoxyde de carbone. Leur conclusion valide le fait que les e-cig n’en émettent pas.
Pour ceux qui ont été épargnés par la déferlante des e-cig, voici comment cela fonctionne. Les cigarettes électroniques ont l’apparence d’une vraie cigarette. Le réservoir de liquide est positionné au plus près de la bouche du fumeur. Un capteur détecte l’aspiration et déclenche la mise en route de l’atomiseur, une résistance qui crée la vapeur. Une batterie située à l’autre extrémité permet d’alimenter le dispositif. Enfin, une led au bout de l’e-cig rappelle la combustion d’une cigarette standard.
Ces cigarettes sont Made in China, et leur composition il y a quelques années était assez mystérieuse. Aujourd’hui, il semble que la fabrication soit passée entre les mains d’usines pharmaceutiques, garantissant le respect des normes.
Derrière un objet devenu un accessoire de mode, se cache pourtant un produit complexe et potentiellement toxique. Même si on est bien loin des près de 4000 substance toxiques d’une vraie cigarette… Une moindre toxicité ne doit pas empêcher un encadrement des e-cig. Parmi les recommandations du rapport rendu par un comité d’expert à la ministre de la santé Marisol Touraine, figure entre autres l’interdiction dans les zones non-fumeurs, à cause du « vapotage passif ».
Par Audrey Loubens, journaliste scientifique
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Sécurité des systèmes d’information
Risques chimiques – Toxicologie et écotoxicologie
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Objectifs
- Acquérir les bases de la toxicologie et de l’écotoxicologie appliquées à l’hygiène industrielle
- Décrypter les résumés toxicologiques et écotoxicologiques dans une FDS
- Exploiter les données pour la prévention des risques : VLEP*, IBE*, VTR*, impacts sur la santé et l’environnement
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