Le prélèvement à la source entrera en vigueur au 1er janvier 2019. La Direction générale des Finances publiques (DGFIP) annonce fièrement la mise en ligne d'une vidéo expliquant la réforme en 2 minutes chrono. Mais il y a un hic : la vidéo est hébergée sur Youtube, offrant les données de millions de Français à Google.
Au 17 avril, plus de 1,7 million de Français ont décidé de faire leur déclaration d’impôts sur le revenu en ligne. Lorsqu’ils se connectent au site des impôts pour leur déclaration 2018, une vidéo se lance automatiquement. Et grâce à elle, Google va pouvoir récupérer des informations précieuses sur les contibuables français. En quelques jours, la vidéo a déjà été visionnée plus de 4,7 millions de fois, témoignant d’un visionnage multiple de la part des internautes.
Le site NextImpact a réagi en dénonçant un dispositif qui interroge, « tant sur sa moralité que sur sa légalité ». L’internaute était en effet obligé de visionner cette vidéo au moins 60 secondes avant de pouvoir accéder au site. Par ailleurs, « la vidéo étant affichée par défaut, les informations de navigation de l’utilisateur sont envoyées au service américain, ce dernier déposant des cookies sur la machine de l’utilisateur, qui n’aura pas donné son consentement », s’indigne NextImpact.
Google au courant de vos données fiscales ?
La vidéo diffuse des traqueurs qui récupèrent des données des internautes à des fins publicitaires. Google pourrait ainsi se procurer quelques informations précieuses pour suivre les internautes et enrichir leur profil publicitaire. Par ailleurs, Google récupère leur adresse IP et peut retracer leur navigation avant leur déclaration de revenus. Et si, en plus, vous êtes un utilisateur de Gmail, l’entreprise américaine peut lier cette historique avec votre agenda, vos mails ou encore votre localisation. Goole pourrait ainsi facilement être au fait d’éléments importants sur votre situation fiscale, déclarée ou pas.
Face à ce tollé, la DGFIP a réagi dans un communiqué. « il n’y a aucun risque de confidentialité sur les données fiscales des usagers dans l’utilisation qui est faite de ces plate-formes sociales », assure Bercy. Pourquoi ne pas avoir choisi une autre plateforme? « De nombreux sites gouvernementaux utilisent des plate-formes externes de type Facebook, Youtube et Twitter, car ce sont des plate-formes populaires, largement utilisées par un grand nombre d’internautes, qui permettent de diffuser largement une information », répond l’administration. « Il n’y a aucun risque de confidentialité sur les données fiscales des usagers dans l’utilisation qui est faite de ces plate-formes sociales », veut-elle rassurer. Toutefois, la DGFIP a changé son fusil d’épaule : il est désormais possible de fermer la vidéo au bout de 5 secondes pour accéder au site. Elle serait par ailleurs en train de réfléchir à une solution d’hébergement de repli, fait savoir Le Point.
Par Matthieu Combe
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