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Womed, au service de la santé des femmes

Posté le 23 août 2024
par Camille PASCHAL
dans Chimie et Biotech

Jeune start-up montpelliéraine, Womed travaille depuis 2018 à l'élaboration de traitements innovants pour traiter les pathologies utérines. Utilisant un polymère biocompatible et biodégradable, elle promet aux femmes de retrouver leur fertilité.

En 2013, plusieurs chercheurs, dont la Dr Stéphanie Huberlant, gynécologue au CHU de Nîmes, réalisent une thèse au sein du laboratoire de biopolymère du Pr Garric à l’Université de Montpellier. Elle s’intéresse aux synéchies, une pathologie résultant d’un traumatisme de l’utérus (au cours d’un curetage à la suite d’une fausse couche ou d’une IVG par exemple) qui entraîne un accolement des parois internes de l’utérus. Cela a des conséquences importantes sur la fertilité des femmes : elles sont plus à risque d’avoir des fausses couches et ont plus de mal à être enceintes. Lors de sa thèse, la Dr Stéphanie Huberlant développe un biopolymère qui agit comme un pansement après une procédure chirurgicale.

En 2018, Gonzague Issenmann, entrepreneur en technologie de la santé, découvre cette innovation et décide d’en faire une société, baptisée Womed. « Dès 2019 nous avons lancé une première étude sur des femmes de différents pays en Europe (France, Pays-Bas et Belgique) pour nous assurer que le dispositif est sûr et qu’il ne provoque pas de réactions indésirables », explique Pauline Chirouze, directrice des affaires cliniques chez Womed. Un an plus tard, le dispositif médical, appelé Womed Leaf reçoit le marquage CE médical qui correspond à l’autorisation de mise sur le marché. À partir de cette date, il commence à être utilisé dans certains centres hospitaliers. « En 2021, nous débutons une deuxième étude clinique, randomisée, pour démontrer l’efficacité de notre produit. 160 patientes en Europe et en Chine ont participé à l’étude jusqu’en novembre 2023. Nos résultats viennent tout juste d’être publiés dans un journal scientifique », se félicite Pauline Chirouze. Ce traitement s’adresse aux femmes qui prévoient d’avoir une aspiration après une IVG ou une fausse couche, ou une chirurgie intra-utérine et permet de prévenir le développement des adhérences. Aujourd’hui l’entreprise est basée à Montpellier et regroupe une dizaine de personnes, qui travaillent principalement sur la R&D.

Un polymère biocompatible

Le dispositif Women leaf est composé d’une membrane d’acide polylactique (PLA) et d’oxyde de polyéthylène d’une épaisseur de 0,5 mm. « Ce sont deux polymères connus pour être biocompatibles. L’innovation réside dans la chimie entre les deux : il faut leur donner des propriétés de gonflement, une structure mécanique et une capacité de dégradation », précise Pauline Chirouze. Cette feuille est pliée pour entrer dans un tube qui permettra son insertion via le col de l’utérus de la patiente, comme on le fait d’un stérilet. « Dès que le dispositif est en contact avec les fluides de l’utérus, il se déploie telle une éponge pour épouser la forme de la cavité. Cela empêche que les parois ne soient en contact pendant la phase de cicatrisation et ne forment des synéchies. Il reste en place environ une semaine avant d’être hydrolysé et fragmenté. Il est ensuite évacué naturellement dans les pertes vaginales », explique Pauline Chirouze.

Des traitements ciblés

« Nous savons produire un polymère capable de rester un temps dans l’utérus avant de s’éliminer. On pourrait donc l’utiliser pour apporter des médicaments directement dans l’utérus et traiter des pathologies comme les fibromes par exemple », ajoute la docteure en gynécologie. La start-up travaille justement sur ces thématiques et crée une nouvelle forme de polymère susceptible de faire de la délivrance locale, notamment pour réduire les saignements provoqués par les fibromes. « À long terme, nous envisageons de nous attaquer aux douleurs liées à l’endométriose. Un polymère pourrait délivrer en local un médicament permettant de soulager ces douleurs », conclut Pauline Chirouze.


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