Face aux cas d’allergies et d’irritations cutanées en lien avec des vêtements et/ou des chaussures signalés aux autorités sanitaires, les ministères en charge de la santé et de l’économie ont saisi l’Anses afin d’identifier des substances chimiques irritantes ou sensibilisantes cutanées, réglementées ou non, susceptibles d’être présentes dans ces articles. Les ministères ont également demandé à l’Anses de réaliser un état des lieux des connaissances sur la toxicité de ces substances et d’établir des recommandations en matière de fabrication, conservation, transport et sur l’opportunité ou non de limiter l’utilisation de certaines substances.
Pour mener à bien cette expertise, l’Agence a réalisé une étude de la littérature scientifique, complétée par des essais sur un échantillonnage de vêtements neufs prélevés dans plusieurs points de vente et des chaussures ayant entrainé des plaintes de clients, pour rechercher la présence de substances irritantes ou allergisantes cutanées. Au total, une vingtaine de familles de substances chimiques ont été recherchées dans les vêtements et une cinquantaine de substances dans les chaussures.
Ces analyses ont permis d’ajuster les familles de substances chimiques à rechercher et de confirmer entre autres la présence de nonylphénols, de nonylphénols éthoxylates ou encore de formaldéhyde. Elles ont également permis d’identifier des substances non analysées en routine, pouvant entrainer des dermatites de contact telles que la 1,4-paraphénylènediamine ou des dérivés organostanniques, ou des colorants azoïques.
Mise en place d’une étude biomédicale pionnière en France
L’Anses a également mis en place une étude biomédicale, pionnière en France, afin d’investiguer des cas d’allergie ou d’intolérance cutanée pouvant être liés à des substances chimiques dans des vêtements ou des chaussures.
Pour cela, l’Anses a mobilisé un réseau de médecins (dermato-allergologues, toxicologues…) et a mis en place des analyses sur les articles portés par le patient et suspectés d’être associés aux réactions cutanées, afin de caractériser les substances chimiques présentes dans ces articles. La première phase de l’étude a inclus une trentaine de patients adultes entre janvier et septembre 2017. Elle a permis dans certains cas d’identifier des substances chimiques présentes dans des articles portés à l’origine de symptômes (par ex. benzidine, chrome VI, nickel, résine 4-tertbutylphénolformaldéhyde, colorant azoïque). Au vu des premiers résultats de l’étude, l’Agence a décidé de poursuivre l’étude jusqu’en octobre 2018 et les résultats feront l’objet d’un avis complémentaire de l’agence.
Les recommandations de l’Agence
A l’issue de cette expertise, l’Anses émet les principales recommandations à l’attention des autorités :
- maintenir une pression de contrôle des articles chaussants et textiles d’habillement mis sur le marché afin d’éviter la présence d’articles non conformes à la réglementation portant sur les substances chimiques dans ces articles ;
- réviser le seuil réglementaire du chrome VI dans les articles en cuir ;
- fixer un seuil réglementaire pour le nickel dans les textiles ;
- proposer une classification dans le cadre du règlement européen n°1272/2008 relatif à la classification, à l’étiquetage et à l’emballage (CLP), pour les substances non réglementées et identifiées comme responsables d’allergies cutanées en tant que « sensibilisant et/ou irritant cutané ».
En outre, l’Agence émet les recommandations suivantes à l’attention des responsables de la mise sur le marché des textiles d’habillement et/ou des articles chaussants :
- s’assurer auprès de leurs fournisseurs de l’absence de substances CMR ou sensibilisantes ou irritantes cutanées dans les articles chaussants ou textiles d’habillement ;
- réaliser des études pour acquérir des données toxicologiques concernant les colorants CI Disperse Orange 37/76 et CI Disperse Yellow 23,deux colorants mis en évidence dans l’expertise et non révélés jusqu’alors, pour lesquels aucune donnée toxicologique n’est disponible. Ces données seront également utiles pour le développement de tests épicutanés ;
travailler à la mise en place d’un dispositif d’information (étiquetage, emballage) du consommateur en particulier les populations déjà sensibilisées, permettant de signaler la présence potentielle de telles substances.
Enfin, l’Anses recommande de sensibiliser les consommateurs à l’importance de laver, avant de le porter pour la première fois, tout vêtement susceptible d’entrer en contact avec la peau, en suivant les recommandations de lavage préconisées par le fabricant.
Les résultats de cette expertise appuieront le dossier de restriction dans le cadre du règlement REACH, porté par la France et la Suède au niveau européen, sur les substances sensibilisantes ou irritantes cutanées présentes dans des vêtements et chaussures.
Source : Anses
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