« Le ministre allemand de l’Economie, Sigmar Gabriel, a repris la première de nos propositions, annonçant la mise en place d’une table-ronde en faveur d’un consensus sur la question du charbon, prévient Dimitri Pescia, du think-thank Agora Energiewende. Nos propositions sont accueillies plutôt favorablement par une grande majorité des acteurs concernés, à l’exception notoire du syndicat représentant les employés de l’industrie minière – IGBCE ».
Concrètement, Agora Energiewende invite les parties prenantes à trouver un consensus en faveur de la sortie du charbon d’ici la fin de l’année. Ce consensus devrait s’articuler autour de trois principes de base : fixer une date d’arrêt de l’utilisation du charbon, déterminer une trajectoire de sortie du charbon et adopter un cadre législatif. Le think-thank propose de fixer une trajectoire de 2018 à 2040, aboutissant à une sortie définitive du charbon à cet horizon. Les centrales les plus polluantes devraient être fermées en premier.
Prendre des mesures économiques fortes
Pour préparer au mieux cette sortie du charbon, Agora Energiewende incite le Gouvernement fédéral à geler les nouveaux projets de construction de centrales à charbon et à ne pas autoriser de nouvelles exploitations minières en Allemagne. Agora Energiewende propose dès lors la création d’une fondation « chargée de prendre en charge les coûts de la renaturation/réhabilitation des mines de lignite ». Elle serait financée par une taxe sur la production électrique du lignite à hauteur de 2,5 euros par mégawattheure. Par ailleurs, le think-thank propose la création d’un fonds fédéral « chargé d’accompagner et de financer les mesures de restructuration socio-économique dans les régions concernées », à hauteur de 250 millions d’euros chaque année.
Pour assurer cette sortie du charbon de 2018 à 2040, 20 GW de nouvelles centrales électriques au gaz devraient être nécessaires pour remplacer les centrales mises à l’arrêt. « Il faudra s’assurer que les conditions de marché permettent la réalisation de ces investissements », prévient Agora Energiewende. Par ailleurs, il faudra renforcer le système d’échange de quotas d’émissions sur le marché ETS (Emission Trading Scheme) et supprimer les « surplus de CO2 liés à la sortie du charbon ».
Cette sortie du charbon devrait entraîner une hausse du prix de l’électricité de 2-3 euros par mégawattheure. Agora Energiewende propose d’adopter des mesures de soutien pour les entreprises électro-intensives, dont la compétitivité est fortement liée au prix de l’électricité.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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