L’Efsa identifie les méthodes à encourager pour mieux prévenir les risques chimiques
Dans un rapport paru mi-avril, l’agence européenne de sécurité des aliments (Efsa) discute des différents méthodes utilisées pour définir les seuils de toxicité de substances chimiques, particulièrement les pesticides.
Un état de l’art passant au crible les avantages et inconvénients des protocoles actuels utilisés pour établir les valeurs toxicologiques de référence (VTR), ces indices qui lient une dose d’exposition à une substance toxique et la survenue éventuelle d’un effet toxique.
La définition de ces VTR repose sur différents postulats, communément admis. Des postulats discutés par l’Efsa, qui reconnait pourtant qu’ils sont acceptables en l’état actuel des connaissances : extrapolation des effets observés sur l’animal à l’homme, existence d’un seuil minimum en deçà duquel aucun effet nocif n’existe, calcul des incertitudes…
Autrement dit, tant que rien ne prouve que ces approches ne sont pas fiables, elles restent valides.
Parmi les recommandations de l’Agence apparait le recours à d’autres méthodes.
Favori de l’Efsa, le benchmark dose (BMD). Elle consiste à déterminer quelle est la dose induisant un effet critique avec une augmentation de la fréquence ou de la sévérité conventionnellement définie à 1,5 ou 10%.
L’avantage étant de s’affranchir du facteur d’incertitude inévitable pour l’extrapolation de l’animal vers l’homme lorsqu’on cherche à définir la dose maximale sans effet nocif observable (NAOEL). Le BMD est donc une méthode d’estimation de la dose critique.
Reposant sur une analyse statistique, cette approche requiert néanmoins d’être utilisée par des spécialistes de façon à éviter toute erreur d’interprétation.
Autre habitude dans le collimateur de l’Efsa, le recours systématique à un facteur correctif de 10 pour extrapoler l’impact d’une substance inhalée d’une espèce à l’autre.
En effet, les différences physiologiques et biologiques des voies respiratoires diffèrent tellement d’un animal à un autre qu’il est nécessaire d’appliquer un facteur de sécurité. L’ajustement allométrique se substitue à ce facteur jugé trop arbitraire.
Enfin, l’Efsa préconise de développer le recours à la marge d’exposition. Il s’agit d’un rapport entre deux facteurs permettant d’évaluer la plus petite dose à laquelle est observé un effet indésirable mesurable.
Cette méthode est utilisée pour analyser les éventuels problèmes de sécurité sanitaire liés à la présence dans l’alimentation humaine de substances génotoxiques et cancérigène.
Elle n’est cependant pas utilisée pour étudier des substances ajoutées volontairement dans la chaine alimentaire, comme les additifs par exemple.
Pour lire le rapport : www.efsa.europa.eu/fr/supporting/doc/413e.pdf
Par Audrey Loubens, journaliste scientifique
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