Décryptage

Vers un super-réseau électrique HVDC en Asie

Posté le 18 mars 2012
par La rédaction
dans Environnement

DESERTEC et la Fondation Japonaise pour les Energies Renouvelables (JREF) ont signé le 10 mars 2012 un accord de collaboration visant à promouvoir la création d’un grand réseau électrique HVDC entre le Japon, la Corée du sud, la Chine et la Russie.

 

La technologie HVDC (Courant Continu Haute Tension) permet de transférer l’électricité sur de grandes distances avec moins de 3% de pertes pour 1000 km, permettant ainsi de créer des autoroutes de l’énergie formant une SuperGrid. Les liaisons peuvent être aériennes, souterraines ou sous-marines. Des projets recourant à une tension supérieure au million de Volts (Ultra HVDC) sont en cours actuellement en Chine. Plus la tension est élevée, plus les pertes sont faibles, et plus les lignes peuvent être longues.

Les interconnexions HVDC constituent un système de stockage virtuel utile pour gérer la nature fluctuante des énergies renouvelables comme l’éolien, le solaire ou l’énergie houlomotrice. Plus le super-réseau couvre une surface importante, plus l’effet de lissage est important.  Quand la production électrique solaire ou éolienne est supérieure à la demande dans un pays à un instant t, l’excès peut être exporté vers un pays voisin. Les différents pays et les différentes régions ont d’ailleurs des pics de consommation électrique se produisant à des moments différents, ce qui renforce l’intérêt des interconnexions : les puissances installées pour gérer les pointes, comme par exemple l’hydro modulable, peuvent alors être mutualisées.

La JREF a été crée suite à l’accident survenu le 11 mars 2011 à la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi. Son fondateur est Masayoshi Son, l’homme le plus riche du Japon et PDG de Softbank. Cet accident nucléaire a constitué pour lui un déclic : « ce jour-là, j’ai réalisé que la situation était extrêmement grave et qu’il fallait changer les choses. Bien sûr, l’électricité d’origine renouvelable coûtera 8 % ou 10 % plus cher, mais qu’est-ce que cela pèse au regard des vies humaines? Déjà 35 des 47 gouverneurs de préfecture de l’Archipel soutiennent mon initiative ». Sa fondation est aujourd’hui dirigée par Tomas Kåberger, ex-Directeur Général de l’Agence Suédoise de l’Energie. « Les technologies pour collecter l’énergie solaire et éolienne ont considérablement progressé ces dernières années »  a souligné cet expert à l’occasion de la signature de l’accord avec DESERTEC « Combinées avec les systèmes modernes de transmission de l’électricité, les énergies renouvel   ables peuvent contribuer à la prospérité économique de la région sur le long-terme.  L’établissement d’un super-réseau électrique en Asie constitue un véritable défi et requiert un coopération internationale de haut-niveau. Nous sommes heureux de pouvoir bénéficier de l’expérience de DESERTEC en la matière. » 

La Fondation DESERTEC, basée à Hambourg en Allemagne et soutenue par le Club de Rome, a été crée par un réseau de scientifiques, d’ingénieurs et de citoyens sensibilisés aux enjeux du développement durable dans l’objectif de créer un super-réseau électrique à l’échelle Europe, Afrique du nord et Moyen-Orient, et de libérer cette région de la dépendance envers les énergies fossiles et nucléaire. Le cœur du concept est d’installer de grandes centrales solaires thermodynamiques dans les déserts où la ressource solaire est particulièrement abondante, de stocker en partie l’énergie thermique dans de grandes cuves à base de sels fondus pour faciliter l’adaptation offre/demande, et de distribuer l’électricité générée via des autoroutes HVDC transnationales. La fondation DESERTEC s’est engagée à fournir à la JREF son savoir-faire pour créer une dynamique en faveur des énergies renouvelables et des super-réseaux électriques.

Par Olivier Danielo

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