Les nouvelles capacités hydroélectriques installées entre 2005 et 2011 dans le monde permettent à elles seules de produire 600 TWh par an, soit davantage que l’ensemble des autres capacités renouvelables (éolien, bioénergie, solaire, géothermie) installées sur la même période.
L’AIE fixe comme objectif d’atteindre 7100 TWh d’hydroélectrité en 2050, c’est-à-dire de doubler la production hydroélectrique actuelle. C’est en particulier le potentiel en Asie et en Amérique latine qui permet de l’envisager.
Une énergie bon marché
« L’hydroélectricité est dés à présent très pertinente sur le plan économique» a déclaré Richard H. Jones, directeur exécutif de l’AIE, à l’occasion de la présentation de la feuille de route à Bilbao en Espagne, dans le cadre de la conférence HYDRO 2012. Il a cependant ajouté : « le développement de nouvelles capacités est confronté à de difficiles obstacles financiers. Les gouvernements doivent créer un climat favorable aux investissements industriels lors de l’élaboration des marchés de l’électricité ».
Pour Albert Geber de Melo, directeur général du centre de recherche brésilien sur l’énergie électrique (CEPEL), « la petite et la grande hydraulique peuvent améliorer l’accès aux services énergétiques modernes, faire reculer la pauvreté, fortifier le développement social et économique, spécialement pour les communautés locales ». Le barrage de Belo Monte, actuellement en construction, permettra de répondre à 10 % de la demande électrique totale du Brésil, un pays qui compte 192 millions d’habitants. La surface des réservoirs (440 km²), dont la moitié est dès à présent inondée par le fleuve naturel, correspond à 0,005 % de la surface du pays.
La publication de l’AIE détaille les actions à mener par les responsables politiques pour permettre un doublement de la production hydroélectrique, notamment pour mieux prendre en compte les problématiques environnementales et améliorer l’acceptabilité par le grand public des projets hydroélectriques.
Une énergie flexible
Grâce aux techniques d’éclusées, aux lacs de barrage et aux STEP (Stations de Transfert d’Energie par Pompage), la houille blanche est disponible à la demande. Cédric Philibert souligne que la répartition des ressources hydrauliques n’est pas uniforme dans le monde. Certains pays bien pourvus, comme par exemple le Brésil, le Québec ou la Norvège, peuvent répondre jusqu’à 100% de leurs besoins en électricité uniquement avec l’hydroélectricité. D’autres pays très pauvres en ressources hydroélectriques, comme par exemple le Danemark ou l’Allemagne, et qui développent fortement les énergies renouvelables variables (éolien et photovoltaïque), ont un énorme besoin en flexibilité.
« Une solution, bien sûr, est l’interconnexion » souligne Cédric Philibert. La technologie HVDC (Courant Continu Haute Tension) permet de réaliser des échanges d’électricité sur de longues distances avec moins de 3% de perte pour 1000 km, en mode terrestre ou sous-marin. « C’est ainsi que les liaisons par câbles entre le château d’eau de l’Europe, la Norvège, et les pays du continent – l’Allemagne, le Danemark, les Pays-Bas, la Pologne – sont régulièrement renforcées », poursuit l’expert. L’hydroélectricité scandinave sert alors pour boucher les trous en cas de panne de vent ou de soleil.
« L’autre solution est le stockage d’énergie par pompage-turbinage, qui consiste à remonter l’eau dans les barrages » ajoute Cédric Philibert.
C’est particulièrement intéressant pour absorber les pics de production éolienne ou solaire. Les STEP constituent « 99% du stockage d’électricité disponible sur les réseaux électriques ». 140 gigawatts de STEP sont dès aujourd’hui en service dans le monde et, selon l’AIE, cette capacité pourrait être multipliée entre 3 et 5 d’ici 2050. Notamment pour permettre l’intégration de hauts niveaux d’éolien et de solaire.
Par Olivier Danielo, journaliste scientifique