Le géant de l’environnement et de l’énergie Veolia s’est fait exproprié manu militari du Gabon le mois dernier. Libreville reproche au groupe français des pollutions inadmissibles. Mais Veolia n’est pas la seule entreprise française en délicatesse avec l’Etat Gabonais. Bolloré est également en conflit, Egis et Bouygues sortent quant à eux du pays. La Françafrique a du plomb dans l’aile.
Russie en embuscade ?
Le 16 février dernier, « des hommes en armes ont réquisitionné la SEEG – Société d’énergie et d’eau du Gabon, sur décision du Ministère de l’Eau et de l’Energie du Gabon » explique Veolia. La compagnie, filiale de Veolia à 51%, assure la production et la distribution d’eau potable et d’électricité sur l’ensemble du territoire. L’affaire a fait grand bruit en Afrique, et depuis Veolia et l’Etat gabonais s’opposent par medias interposés. « Nous avons des preuves accablantes, notamment des photos d’un lac pollué par les hydrocarbures », assurait à Jeune Afrique Patrick Eyogo Edzang, ministre de l’Eau et de l’Energie.
Depuis, la Russie semble avancer ses pions. Lors d’une conférence de presse organisée quelques jours plus tard, et fortement relayée par la presse gabonaise, l’ambassadeur russe à Libreville, Dmitri Kourakov, aurait indiqué l’arrivée prochaine du groupe RusHydro, 2ème producteur mondial d’hydroélectricité. De son côté, le gouvernement ne confirme pas et tente de jouer l’apaisement en rappelant que le successeur de Veolia pourrait tout aussi bien être un acteur français. Difficile à imaginer tant les relations se détériorent avec les compagnies issues de l’Hexagone.
Bolloré attaque, Bouygues s’en va
Veolia n’est pas le seul groupe à éprouver des difficultés au Gabon. Bolloré, un des symboles de la Françafrique, est également lancé dans une bataille juridique contre le Gabon. Le groupe breton a porté plainte contre l’Etat gabonais devant une cour d’arbitrage internationale dépendant de la Banque Mondiale. Il lui reproche de ne pas avoir respecté son engagement d’accorder l’exclusivité de construction et gestion du port d’Owendo. En effet, Libreville a signé en 2014 un autre partenariat avec la Gabon Special Economic Zone (GSEZ), filiale du groupe singapourien Olam, pour la construction d’un autre port en eaux profondes, rappelle Mediapart. De son côté, les autorités reprochent à Bolloré Africa Logistics de ne pas avoir réalisé les investissements prévus, renchérissant mécaniquement le prix final des produits importés grâce au port.
Alors que Bolloré se bat, d’autres ont jeté l’éponge. C’est le cas de Bouygues Energies & Services, présente depuis près de 70 ans au Gabon, qui a annoncé en octobre dernier, par vidéo-conférence depuis Paris, à ses 223 salariés la fin immédiate de ses activités dans le pays. La nouvelle a fait l’effet d’une bombe car rien ne semblait présager une telle décision. De leurs côtés, Egis et Aéroport de Marseille Provence (AMP) se sont vus notifier en début d’année la non-reconduction de leur contrat de concession de l’aéroport de Libreville, accordé en… 1988.
Romain Chicheportiche
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