Fini les actes isolés en matière de production de véhicules électriques et hybrides. Place à l’action concertée sous la houlette de l’Etat. » Dans ce domaine, aucun acteur ne peut agir tout seul, a déclaré ce matin Jean-Louis Borloo, ministre de l’Ecologie et de l’Energie, en introduction de la conférence de présentation du plan de développement des véhicules électriques. En revanche, si tout le monde agit ensemble, tout devient possible. »
Et les objectifs tombent : 2 millions de véhicules électriques en France en 2020 contre 15.000 en 2010 et 4 millions en 2025, soit un peu plus de 25 % du parc de véhicules neufs. Cette activité devrait générer, selon le ministère, 15 milliards d’euros à l’horizon 2030, contribuer au maintien de l’emploi dans la filière automobile, permettre une réduction des importations de pétrole de 4 millions de tonnes équivalent pétrole ainsi qu’une réduction des émissions de CO2 d’environ 17,5 millions de tonnes en 2020 (soit 3 % de moins qu’en 2007).
Un planning ambitieux qui se concrétise par 14 actions qui concernent aussi bien la recherche, que la production, les infrastructures ou encore les modes de consommation.
Créer une filière batterie
Côté recherche, la plate-forme Steeve (Stockage d’Energie Electrochimique pour Véhicules Electriques), qui permet la réalisation de batteries en petites séries, a été dotée d’une enveloppe de 7,5 millions d’euros par les pouvoirs publics auxquels viendront s’ajouter 3,5 autres millions d’euros. Parallèlement, l’Etat investira 1,8 million d’euros pour veiller à la sécurité et à la fiabilité de ces batteries.
Au-delà, le gouvernement a décidé d’investir 125 millions d’euros sur les 625 prévus par Renault pour créer en partenariat avec le CEA à Flins, une usine de batteries lithium-ion. Objectif : produire 100.000 batteries par an destinées non pas uniquement à la marque au losange, mais à tous les constructeurs français.
Un projet qui vient s’ajouter à ceux conduits par Bolloré, Saft et Dassault.
Dès 2010, des nouveaux démonstrateurs de charge
Soucieux de faire une large place à l’expérimentation, le gouvernement, via l’ADEME, lancera début 2010 un nouvel appel à projets qui vient s’ajouter aux deux précédents, dotés respectivement de 56,9 et 50 millions d’euros. Baptisé » Infrastructure de charge « , il aura pour objectif de soutenir les expérimentations alliant infrastructures, usages et territoires ciblés. Ceci afin de valider le fonctionnement des véhicules rechargeables in situ et de familiariser la population avec cette technologie. A cette fin, le fonds démonstrateur de l’ADEME sera doté de 70 millions d’euros.
Inventer de nouvelles solutions de mobilité
Dans cette perspective, l’ADEME sera chargée début 2010 d’élaborer une feuille de route pour de nouvelles solutions de mobilités à l’intérieur desquelles les véhicules électriques occuperont une place importante. Un appel à projet devrait d’ailleurs prolonger cette initiative, mais aucune date n’a été communiquée. En revanche, on en connaît déjà le budget : 25 millions d’euros.
Des initiatives similaires, telles que Mu by Peugeot , sont également à l’étude.
L’achat de 50.000 véhicules par les entreprises publiques
Annoncée le 23 septembre, l’information a été confirmée ce matin. 50.000 véhicules électriques destinés aux entreprises publiques seront achetés sur une période de 5 ans. Le cahier des charges fonctionnel est d’ores et déjà finalisé. Il s’agit de véhicules électriques (véhicules utilitaires légers et véhicules de 3 à 5 places) d’une autonomie de 150 km.
Un chiffre auquel pourrait venir s’ajouter 50.000 autres commandes dans la mesure où les loueurs de voitures, les taxis et les artisans s’associent à l’initiative.
Bonus de 5.000 euros jusqu’en 2012
Les 5.000 euros de bonus versés à toute personne achetant un véhicule dont les émissions de CO2 sont inférieures ou égales à 60g/km seront maintenu jusqu’en 2012, date à laquelle, le gouvernement estime que le prix des véhicules électriques sera similaire à celui d’un véhicule à moteur thermique.
Pour le chargement, une prise standard suffit
Afin de permettre la pénétration large, rapide et à moindre coût des véhicules électriques dans la population, le gouvernement a privilégié les infrastructures privées. Moins de 10 % des infrastructures nécessaires au parc de voitures électriques seront pourvues par les infrastructures publiques. En revanche, l’installation sera simple. Il ne sera pas nécessaire d’installer des prises spécifiques. Une prise standard, dédiée à cet effet, sera suffisante.
Dès 2012, les immeubles neufs équipés de prises
Par ailleurs, dès 2012, il sera fait obligation aux promoteurs de logements neufs avec garages, d’équiper ces derniers de prises afin de pouvoir recharger facilement les voitures. Cette disposition fait l’objet d’un amendement gouvernemental à la loi Grenelle 2. Cet amendement a été adopté à l’unanimité au Sénat le 28 septembre 2009.
Un droit à la prise pour l’immobilier déjà construit
Pour les copropriétés déjà construites, leur statut devrait évoluer pour faciliter la présentation de devis d’équipement de recharge. Au-delà, un droit à la prise sera également prévu pour les locataires.
Et les immeubles de bureau ?
Dès 2015, les équipements de recharge seront obligatoires au profit des salariés dans les parkings des immeubles de travail.
Pousser un standard de prise au niveau européen
D’ores et déjà, un accord a été trouvé entre la France et l’Allemagne sur les caractéristiques techniques d’une prise commune et unique. Désormais, des discussions au niveau européen sont en cours sur la base de ce groupe de travail. Première conclusion : décembre 2009.
Des communes mobilisées
Fin 2009, des assises nationales seront organisées sur les questions de mobilité électrique et d’infrastructures à charge.
Le déploiement du réseau
Plusieurs mesures sont prévues dans ce cadre. La première d’entre elles est la création d’une filiale à 100 % d’ERDF pour accompagner les communes et répondre aux appels d’offres éventuels. Par ailleurs, le grand emprunt pourrait venir financer à hauteur de 900 millions d’euros les investissements nécessaires pour mettre en place des infrastructures publiques (budget prévu :1,5 milliard d’euros)
Développer les compteurs intelligents
Enfin, afin d’assurer la charge des véhicules sans pour autant contraindre le pays à acheter de l’électricité à l’étranger, le gouvernement encourage la recherche et le développement des compteur intelligents et des dispositifs permettant le dialogue entre le véhicule et sa borne de recharge.
Penser au recyclage
Pour finir, les constructeurs automobiles et les producteurs français de batteries se sont engagés à prendre en compte, dès la conception, le cycle de vie des batteries.
A.L B
Image : Renault Twizy Z.E. Concept, Crédits : Renault Design
Cet article se trouve dans le dossier :
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