Recharger son véhicule électrique pendant qu'il roule ? Un défi sur lequel travaillent de nombreux chercheurs et ingénieurs aux quatre coins du monde. Le dernier test en date est celui mené par Renault sur un tronçon de route à induction aménagé près de Versailles.
Trois technologies principales sont actuellement en cours de test dans le monde pour réussir à recharger, à un prix compétitif, les véhicules électriques pendant qu’ils roulent.
- La technologie par caténaire, comme sur les trolleybus, adaptée aux camions et qui s’illustre par l’eHighway développée par Siemens. Elle est actuellement en test en Californie sur un tronçon de route de 3km entre Los Angeles et Long Beach.
- L’alimentation par le sol (APS) commercialisée par Alstom pour les tramway, elle a fait l’objet d’un pilote pour être adaptée aux camions et aux cars sur 300m en Suède en 2013 avec des premiers prototypes fournis par Volvo.
- La technologie par induction électromagnétique qui semble avoir la faveur des constructeurs automobiles et d’infrastructures et dont les exemples se multiplient actuellement.
L’Europe autour du projet Fabric
Le programme de recherche européen Fabric, lancé en 2014, rassemble des partenaires publics et privés de 9 pays européens autour de la recherche appliquée pour trouver des solutions à la charge dynamique des véhicules électriques. Concernant l’induction, le premier site de test construit a été celui de Satory près de Versailles. Il compte plusieurs pistes avec des courbes et des déclivités afin de vraiment permettre de tester la faisabilité des solutions à induction sur des routes telles que le périphérique parisien. Il permet aussi de tester deux véhicules simultanément afin d’analyser le comportement des charges et des champs produits. C’est sur ce site que l’institut Vedecom, en collaboration avec Qualcomm a construit un pilote de 100m muni d’une bande centrale où est installé le système de charge dynamique, reprenant le concept Halo développé par Qualcomm pour la recharge sans fil des véhicules en stationnement. Le test, mené fin mai, a été réalisé avec deux Kangoo ZE de Renault pour des vitesses jusqu’à 100 km/h. Il a permis une charge jusqu’à 20kW. Le projet Fabric inclut un autre site de test des technologies à induction, à Susa, près de Turin, où l’institut Politecnico de Turin vient d’inaugurer ses premières installations fin mai pour tester sa solution à induction et où pourront être menée des expérimentations pour des situations plus urbaines.
L’induction hors de Fabric
Mais des solutions basée sur l’induction électromagnétique sont déjà testées dans le monde. Au niveau mondial, les coréens ont été les pionniers en concevant dès 2010 une solution pour les bus, baptisée Olev pour le Online electric vehicule. Elle a aboutit à la construction de quelque 23km de routes équipées à des points stratégiques de système de charge par induction dans la ville de Gumi. Depuis 2013 deux bus y circulent. En 2015, l’Institut supérieur coréen des sciences et technologies (KAIST) qui a mis au point ce système a annoncé avoir réussi à réduire le coût d’un bus de 30% (passant d’environ 470 000 euros à 300 000 euros), soit une fourchette de prix compétitive par rapport à un bus plus classique.
Fin 2015, les Britanniques ont lancé leur expérimentation pour des routes rechargeant les bus pendant qu’ils roulent. Cette expérimentation doit durer 18 mois avant de décider si l’option est envisageable à grande échelle. Pour le moment, le prix annoncé de 23 millions d’euros pour 1km de route équipée est plutôt prohibitif.
Tel-Aviv veut montrer l’exemple
Un des projets les plus aboutis pour l’instant est celui des israeliens d’ElectRoad. Cette start-up a développé une solution basée sur l’induction à un coût suffisamment attractif pour remporter une première subvention de 120 000 dollars du gouvernement israelien et l’autorisation pour équiper une partie de la ville de Tel-Aviv. Le premier tronçon d’environ 800m doit être mis en service en 2018. Si l’essai est concluant, le gouvernement a prévu de le déployer sur 17 km entre Eilat et l’aéroport international de Ramon. Sans pour autant annoncer le coût au kilomètre, ElectRoad se vante de son avance technologique, arguant que ces transformateurs sont moins coûteux et que l’installation sur l’infrastructure routière est rapide et efficace et qu’elle ne nécessite que deux tracteurs. Un kilomètre peut ainsi être équipé en une seule nuit.
Comme on le voit, la technologie par induction n’en ait encore qu’à ses balbutiements et cela pourrait prendre une dizaine d’années avant qu’on ne dépasse tous les obstacles technologiques et financiers permettant son déploiement à grande échelle. Les batteries auront-elles d’ici là fait suffisamment de progrès pour que l’idée même d’équiper les routes soit devenue inutile ?
Sophie Hoguin
Brad Templeton, Singularity U: « One of my first rules of robocars is “you don’t change the infrastructure.” Changing infrastructure is very hard, very expensive, requires buy-in from all sorts of parties who are slow to make decisions, and even if you do change it, you then have a functionality that only works in the places you have managed to change it. New infrastructure takes many decades — even centuries, to become truly ubiquitous. »
http://ideas.4brad.com/robocars-and-electrification
https://su.org/faculty-speakers/brad-templeton/
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