Bras et jambes faits de frites bleue de piscine sortant d’un corps cylindrique, gants jaunes avec un pouce levé en permanence: fait de bric et de broc, hitchBOT a été conçu au Canada par des chercheurs universitaires pour découvrir si les robots pouvaient faire confiance aux humains. Il a rapidement eu sa réponse une fois arrivé aux Etats-Unis.
« Oh, mon corps a été endommagé », a confié le robot sur son site. « J’imagine que, parfois, de mauvaises choses arrivent aux gentils robots! Mon voyage doit prendre fin pour le moment mais mon amour pour les humains ne s’éteindra jamais », a-t-il poursuivi, pas rancunier.
Après avoir parcouru plus de 6.000 kilomètres au Canada sans encombres il y a un an et visité une partie de l’Allemagne et des Pays-Bas, hitchBOT n’a pu parcourir que 480 kilomètres aux Etats-Unis, en deux semaines environ, avant d’être démembré par des inconnus.
Couché sur le flanc dans des feuilles mortes et de vieux mouchoirs en papier, ses deux bras arrachés jetés derrière lui mais ses célèbres bottes jaune en plastique toujours aux pieds, il a été retrouvé dans une rue de Philadelphie, en Pennsylvanie, selon une photo circulant sur internet.
Aucune plainte n’a été déposée, a précisé la police, indiquant qu’elle n’ouvrirait pas d’enquête.
A Philadelphie, où 33 meurtres ont été enregistrés rien que le mois dernier, un collectif technologique, The Hacktory, envisage de réparer le robot.
« Si nous avons l’aval des créateurs pour réparer ou remplacer des pièces de hitchBOT, nous serions heureux de le faire (…) nous pourrions aussi construire un hitchBOT2 qui partirait dans son propre voyage », ont-ils écrit sur leur blog.
Peu avant sa « mort », samedi, hitchBOT confiait rêver de sa prochaine destination, la Californie, qu’il ne verra finalement pas avant un moment. Deux jeunes automobilistes avaient peu après posté sur Twitter un « selfie » montrant le robot assis sur leur siège arrière, ses yeux lumineux rouge allumés.
Après avoir appris son triste sort, l’un d’eux s’est indigné sur Twitter: « Merci Philly (Philadelphie, ndlr). Purée, vous avez tué @hitchBOT Je suis trop en colère là », avant d’assurer qu’il avait obtenu et était en train d’étudier la vidéo de surveillance des lieux où « il a été tué ».
Les inventeurs de hitchBOT, des chercheurs de l’université Ryerson de Toronto, ont eux adopté un ton plus apaisé pour tenter de consoler ses admirateurs.
« Nous savons que de nombreux fans de hitchBOT vont être déçus mais nous voulons leur assurer que cette superbe expérience n’est pas terminée », ont-ils écrit sur leur site www.hitchbot.me.
Les chercheurs disent n’avoir « aucune intention » de porter plainte « ou de retrouver les gens qui ont vandalisé hitchBOT », dont l’assemblage, fait de pièces trouvées dans des quincailleries et autres magasins non-spécialisés, avait coûté environ 1.000 dollars.
« Nous nous concentrerons désormais sur la question +que peut-on apprendre de tout ça?+ et explorerons la possibilité de futures aventures pour les robots et les humains », ont-ils ajouté. Les chercheurs l’avaient à l’origine conçu pour tenter de répondre à une interrogation: « est-ce que les robots peuvent faire confiance aux humains? ».
Apparemment rassurés par l’apparence sympathique et les bonnes manières du petit robot, les automobilistes eux lui faisaient confiance et avaient jusque-là pris sans rechigner hitchBOT en stop, immortalisant ce moment spécial par de nombreuses photos partagées sur les réseaux sociaux. Son compte Twitter @hitchBOT compte plus de 51.000 abonnés.
Une fois à bord de la voiture, hitchBot prévenait qu’il pouvait avoir un moment passager de fatigue et que le conducteur pourrait facilement le requinquer en le branchant sur la prise de l’allume-cigare. Il en avait besoin pour illuminer son sourire fait de petites diodes rouges et surtout participer aux conversations de ses hôtes, qui l’assaillaient de questions.
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