(Dépêche AFP publiée le 08/07) Les fournisseurs de services cryptés inviolables doivent garder un accès aux données de leurs clients pour que les autorités puissent y accéder le cas échéant, ont estimé mercredi le département américain de la Justice et le FBI, arguant d'un enjeu de "sécurité nationale".
L’administration américaine tire depuis plusieurs mois la sonnette d’alarme sur le développement par les grands d’Internet comme Apple et Google de services cryptés inviolables, dont seul l’utilisateur a la clef.
L’administration redoute l’utilisation de ces applications par des criminels ou des terroristes.
Ces données inviolables sont « réellement une question de sécurité nationale », a estimé la secrétaire adjointe à la Justice américaine, Sally Quillian Yates, lors d’une audition mercredi devant le Sénat américain.
L’administration « n’a pas exclu » de proposer une mesure législative pour contraindre les entreprises à conserver cet accès, a-t-elle dit.
Mais « une approche plus productive » serait que le gouvernement travaille avec les fournisseurs pour « trouver une solution avec chaque entreprise », sans « faire du prêt-à-porter » législatif, a-t-elle souligné.
« Nos outils sont de plus en plus inefficaces » du fait du cryptage inviolable, a souligné de son côté le directeur du FBI, James Comey.
Il a pris l’exemple du groupe Etat islamique (EI). Celui-ci utilise Twitter pour entrer en contact avec des sympathisants sur le sol américain, puis les fait basculer sur des applications de messagerie instantanées cryptées pour discuter d’éventuelles opérations, a expliqué M. Comey.
« Nous pouvons les voir donner des instructions » via Twitter à des contacts « vers une application de messagerie mobile » et « ensuite ils disparaissent », a-t-il expliqué.
« C’est un énorme problème », a-t-il souligné, avertissant que le FBI ne pourrait pas stopper « indéfiniment » les attaques de sympathisants de l’EI aux Etats-Unis, comme il l’a fait jusqu’à présent.
Traumatisées par les révélations d’Edward Snowden sur les interceptions de communications électroniques par l’agence américaine de sécurité NSA, parfois avec leur concours, la plupart des grandes sociétés américaines d’Internet défendent bec et ongles le cryptage inviolable.
« Nous ne savons pas comment mettre une +porte dérobée+ (un accès aux données) accessible uniquement aux gentils », expliquait récemment Eric Schmidt, le patron de Google.
Un argument rejeté mercredi par James Comey, qui en a appelé à la créativité légendaire de la Silicon Valley.
« La Silicon Valley est pleine de gens qui étaient dans leur garage il y a quelques années, et qui s’entendaient dire que leurs rêves étaient inatteignables », a-t-il dit.
« Je ne pense pas » que la question de l’inviolabilité « ait reçue une attention franche et sincère », a-t-il dit.
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