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Uramin : Lauvergeon mise en examen

Posté le 25 mai 2016
par La rédaction
dans Entreprises et marchés

Anne Lauvergeon, entendue par les juges Renaud Van Ruymbeke, Charlotte Bilger et Claire Thépaut, a été mise en examen le vendredi 13 mai dans l’affaire Uramin. Elle est soupçonnée de présentation et publication de comptes inexacts et diffusion de fausses informations. Elle a été placée sous statut de témoin assisté pour le chef d'abus de pouvoir.

Un vendredi 13 mai pour les superstitieux. Alors que François Hollande se trouvait en visite officielle en Centrafrique, pays concerné par le dossier Uramin, Anne Lauvergeon était mise en examen à Paris. Cette société, rachetée à prix d’or par Areva en 2007, s’est avérée être un véritable fiasco industriel. Au point que certains doutent de l’intégrité de certains membres de la direction d’Areva, à commencer par son ancienne présidente, « Atomic Anne ».

Les faits

Areva rachète en juillet 2007 la société canadienne Uramin qui détient des gisements de Centrafrique (Bakouma), de Namibie (Trekkopje) et en Afrique du Sud (Ryst Kuil) pour la coquette somme de 2,5 milliards de dollars. Toute l’opération d’acquisition est menée par un banquier belge, Daniel Wouters, qui aurait été présenté à Areva par Olivier Fric, le mari d’Anne Lauvergeon. Ce dernier aurait également pris part à la transaction et en aurait bénéficié financièrement. C’est pourquoi les juges d’instruction l’ont également mis en examen, pour « blanchiment et délit d’initié ».

Les géologues d’Areva se rendent finalement comptent que le potentiel annoncé de ces mines a été sur-évalué, avant de conclure tout bonnement à leur non-rentabilité pour cause géologique ou en raison du coûts prohibitifs des techniques à mettre en œuvre. Selon nos confrères de Mediapart, une enquête, diligentée en 2010 par Gérald Arbola, numéro deux du groupe, et réalisée par Marc Eichinger, responsable d’une petite société de renseignement, a abouti à la conclusion qu’« Areva pourrait avoir été victime d’une escroquerie lors du rachat d’Uramin ».

Or, loin d’abandonner, la direction du groupe se serait opposée à de nombreuses reprises à déprécier ces actifs pour favoriser une éventuelle entrée d’un partenaire chinois (en vain), et ne pas précipiter le groupe dans une crise largement entamée par les chantiers EPR français et finlandais, tous deux largement hors coûts et délais, et la chute des cours de l’uranium en 2011 suite à l’accident de Fukushima. Or, Anne Lauvergeon est en guerre ouverte avec le pdg d’EDF de l’époque, Henri Proglio, pour le contrôle de la filière. Une opposition qui a conduit pour beaucoup à l’échec nucléaire d’Abou Dhabi la même année.

Guéant mis en cause

Anne Lauvergeon a gardé la même ligne de défense depuis le début des révélations. Elle assume la stratégie industrielle et réfute l’idée que ces mines ne valaient rien. Elle estime être victime d’un coup monté pour l’empêcher devenir le chef de file du nucléaire français et de déstabiliser Areva. Lors de son audition par les juges, elle aurait affirmé avoir pris connaissance d’une note confidentielle évoquant des échanges secrets entre Sébastien de Montessus, le directeur de la branche mines d’Areva de l’époque, et Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée. Et l’ancienne patronne d’Areva d’évoquer un « projet de filialisation de la branche mines d’Areva, puis d’une introduction en Bourse, pour une privatisation » au rabais destinée à des investisseurs qataris…

Par Romain Chicheportiche


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