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Une méthode simple et économique pour extraire le palladium et l’argent des déchets industriels

Posté le 17 février 2021
par Arnaud Moign
dans Chimie et Biotech

La récupération des métaux précieux des déchets industriels est d’une importance considérable, aussi bien pour atténuer les déséquilibres entre l’offre et la demande que pour des raisons environnementales. Des chercheurs de l’université japonaise de Kanazawa proposent une méthode permettant d’extraire les ions palladium et argent des effluents liquides acides.

En plus d’être laborieuse et coûteuse, la technique de récupération traditionnelle basée sur le trio adsorption-désorption-réduction est également peu efficace. Pour ne rien arranger, l’étape de désorption utilise des éluants toxiques. La méthode proposée ici semble présenter moins d’inconvénients.

Fonctionnement de la méthode DMC

Dans une étude qui sera bientôt publiée dans le Chemical Engineering Journal, l’équipe de chercheurs propose une nouvelle approche d’extraction de AgI et PdII, des solutions acides. Cette méthode utilise un bio-adsorbant, le cellulose modifié au dithiocarbamate (DMC), qui permet ainsi l’adsorption sélective des ions métalliques par un mécanisme de complexation.

En plus de permettre l’adsorption de AgI et PdII en grande quantité, le DMC a également tendance à capturer partiellement les ions CuII et PbII. Un lavage à l’acide nitrique (à 3 mol.L–1) est ainsi nécessaire pour l’élimination sélective de ces ions. L’incinération dans un four à moufle assure enfin la récupération de Ag et Pd sous leur forme d’éléments purs Ag0 et Pd0.

Des résultats plutôt encourageants

Le DMC possède une excellente sélectivité et son rendement est supérieur à 99 %, selon les chercheurs. Par ailleurs, le processus d’adsorption des ions métalliques est relativement rapide : 60 minutes pour AgI et 90 min pour PdII. La capacité d’adsorption maximum a été évaluée à 10.97 mmol.g–1 et 4.28 mmol.g–1 pour AgI et PdII, respectivement, ce qui est bien plus élevé que les valeurs relevées dans les recherches préalables des chercheurs.

Foni Biswas, premier auteur de l’étude, en donne les raisons : « La forte capacité d’adsorption du DMC est due au fait que la matrice polymère contient une forte teneur en dithiocarbamate, qui a tendance à se complexer avec les ions de métaux précieux. »

Avec cette technique, le taux de récupération des métaux précieux dépasse ainsi 99 %, mais ce n’est pas le seul avantage. Cette méthode n’utilise pas de cyanure ou d’autres éluants toxiques et permet la récupération des métaux dans leur forme élémentaire sans utiliser d’agent de réduction.

Des travaux qui se poursuivent

La récupération de Ag et Pd n’est pas la seule préoccupation du groupe de recherche, qui s’intéresse également à la récupération de Au et Pt, d’autres métaux tout aussi précieux. Une analyse comparée et détaillée de la récupération de ces 4 métaux précieux, par le DMC et d’autres résines commerciales, et pour divers effluents industriels, est en cours et sera bientôt publiée.


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