Le GIEC a publié ce lundi 20 mars la synthèse de son sixième cycle d’évaluation des connaissances climatiques. Les auteurs réaffirment l’urgence d’agir au plus vite pour inverser la courbe mondiale d’émissions de gaz à effet de serre.
Le GIEC a approuvé le week-end dernier la synthèse de neuf années de travaux sur le climat. « Le rapport publié aujourd’hui par le GIEC est un guide pratique pour désamorcer la bombe à retardement qui menace le climat », a déclaré António Guterres, secrétaire général de l’ONU, le qualifiant de « guide de survie pour l’humanité ». Le secrétaire général de l’ONU a ainsi exhorté les dirigeants des pays développés à s’engager à atteindre l’objectif zéro émission nette dans les meilleurs délais.
Le budget carbone pour limiter le réchauffement à 1,5°C écoulé d’ici 2030 ?
S’il est encore possible, selon le GIEC, de limiter le changement climatique à 1,5°C d’ici la fin du siècle, la fenêtre est de plus en plus réduite. « Il existe une fenêtre d’opportunité qui se referme rapidement pour assurer un avenir viable et durable pour tous », martèlent les auteurs. Mais pour cela, la coopération internationale doit se renforcer et proposer des « mesures d’atténuation et d’adaptation urgentes, efficaces et équitables ». L’action climatique nécessitera « un meilleur accès à des ressources financières adéquates, en particulier pour les régions, secteurs et groupes vulnérables ».
La décennie 2020-2030 est capitale. En 2019, les émissions mondiales de CO2 s’élevaient à 59 gigatonnes de CO2 (GtCO2). Pour avoir une chance sur deux de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C d’ici la fin du siècle, la meilleure estimation du budget carbone restant à partir de début 2020 est de 500 GtCO2. Sur la décennie, si les émissions restent sensiblement au même niveau qu’en 2019, les émissions de CO2 sur la décennie suffisent donc à dépasser le budget carbone restant pour limiter le réchauffement à 1,5 °C.
Pour ne pas dépasser le seuil de +1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle, les émissions de gaz à effet de serre doivent au contraire diminuer de 43 % d’ici 2030 par rapport à 2019. « Les choix et les actions mis en œuvre au cours de cette décennie auront des impacts maintenant et pendant des milliers d’années », assurent les auteurs.
Les émissions projetées des infrastructures fossiles existantes suffisent à dépasser le budget carbone pour limiter le réchauffement à 1,5°C si elles ne sont pas équipées d’un système de capture et de stockage de CO2. « J’appelle également les dirigeants de toutes les compagnies pétrolières et gazières à faire partie de la solution », a ainsi déclaré António Guterres.
Toutes les solutions et financements disponibles
Le temps n’est plus aux demi-mesures. Seule une action profonde, immédiate et transformatrice pourrait permettre d’inverser la courbe mondiale d’émissions de gaz à effet de serre. Pour y arriver, le GIEC identifie secteur par secteur, des solutions rapidement mobilisables. Et il évalue leur potentiel de réduction des émissions de gaz à effet de serre en fonction du prix de la tonne de CO2.
Les deux mesures qui ont le plus fort potentiel de réduction des émissions de gaz à effet de serre à moindre coût – majoritairement à moins de 20 dollars la tonne de CO2-équivalent – sont le développement de l’énergie solaire et de l’énergie éolienne. La réduction de la déforestation et la restauration des forêts renferment également un potentiel important. Des solutions déjà disponibles dans tous les secteurs – agriculture, énergie, transports, industrie, bâtiments, l’utilisation des terres… – permettraient de réduire les émissions nettes annuelles de 31 à 44 gigatonnes d’équivalent CO2 d’ici 2030, soit de 47 % à 75 %.
Il existe suffisamment de capitaux et de liquidités au niveau mondial pour combler les déficits d’investissement mondiaux, insiste le GIEC. Les scientifiques appellent les acteurs politiques, financiers et économiques à lever les obstacles à la réorientation vers l’action climatique.
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