« L’économie circulaire, c’est le meilleur exemple possible de réconciliation entre l’économie et de l’écologie », a assuré Brune Poirson, secrétaire d’État auprès du ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire. Un secteur qui touche de très près à l’économie sociale et solidaire qui compte plus de 500.000 emplois, et est l’un des rares en croissance. Devant les professionnels du recyclage rassemblés dans la Cité des Congrès de Nantes, elle y a rappelé les bénéfices environnementaux capitaux du secteur. Notamment, le recyclage des déchets évite l’émission de 22,5 millions de tonnes de CO2 chaque année en France. Soit l’équivalent de 5% des émissions totales de la France. Et le recyclage d’une tonne de déchets créerait 30 plus fois plus d’emplois que de la mettre en décharge.
Sur la question capitale des déchets, le Gouvernement doit répondre à deux objectifs phares. D’une part, diminer de moitié la mise en décharge des déchets. De l’autre, atteindre un recyclage de 100% des plastiques d’ici 2025. Un objectif jugé irréaliste par les professionnels du recyclage. Mais le Gouvernement ne veut pas faire machine arrière. Comment y parvenir? Le Plan Climat présenté en Juillet dernier prévoit la publication début 2018 d’une feuille de route sur l’économie sociale et solidaire.
Des leviers incitatifs à activer
Les leviers à activer pour répondre aux objectifs sont multiples. Il faudra créer de nouveaux débouchés pour les matières recyclées, mais aussi mobiliser les fonds d’investissement pour qu’ils investissent dans des systèmes de collecte et des centres de tri modernes. Bruno Poirson voit « le développement d’une véritable culture en France de l’économie pour les entreprises et les consommateurs » et imagine la possibilité de ne mettre sur le marché que « des produits éco-conçus et facilement recyclables ».
Elle voit aussi une fiscalité nouvelle qui sera « incitative et cohérente avec les objectifs fixés ». Car les signaux économiques actuels ne sont pas bon. « Il faudra réorienter les investissements de la mise en décharge et des incinérateurs vers le recyclage », assure la ministre. Pour cela, les taxes portants sur ces dernières seront revues à la hausse d’ici la fin du quinquennat. Il faudra aussi lever les verrous réglementaires à l’utilisation des matériaux recyclés. La feuille de route du Gouvernement devra répondre à tous ces enjeux.
Une large concertation en préparation
Pour y parvenir, Brune Poirson a choisi les Assises des Déchets de Nantes pour présenter la méthode et le calendrier d’élaboration de cette feuille de route. Les citoyens, les associations, les collectivités et les entreprises seront largement mises à contribution. L’idée sera de s’appuyer au maximum sur les instances existantes. « Nous associerons les parties prenantes issues du conseil national des déchets et du conseil national de l’industrie et de l’institut de l’économie circulaire », prévient Brune Poirson.
Un panel d’ambassadeurs de l’économie circulaire sera associé à la concertation pour identifier les solutions innovantes et contribuer à diffuser les bonnes pratiques. Il formulera des recommandations pour élaborer la feuille de route. Des personnalités comme Ellen McArthur, Thierry Kuhn, Président d’Emmaüs France et Emmanuel Fabert, PDG de Danone, ont déjà accepté d’y prendre part.
Un calendrier pour établir la feuille de route
Concrètement, toutes ces parties prenantes seront reçues à Paris le 24 octobre pour lancer formellement les travaux d’élaboration de la feuille de route qui devront aboutir au premier trimestre 2018.
Fin octobre, une plateforme collaborative sera lancée pour recueillir les attentes et les propositions concrètes des citoyens. Des séances de travail seront aussi organisées pour faire émerger des solutions pour changer les comportements de tri. Par ailleurs, pour valoriser les données issues du Ministère et de l’ADEME sur la production des déchets, un « hackaton » sera organisé. Dans l’espoir de donner naissance à de nouvelles start-up de la greentech.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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