Il sert d’appât aux pêcheurs. Mais les chercheurs eux aussi commencent à mordre à l’hameçon. Le docteur Franck Zal, chercheur au CNRS et à l’origine de ces découvertes, se demandait comment ce ver parvenait à respirer tout autant à marée haute (immergé) qu’à marée basse dans le sable des plages. Stupéfait des propriétés d’une molécule de ce ver, le scientifique décide en 2007 de fonder sa propre société privée en biotechnologie, baptisée Hemarina et basée en Bretagne.
Notre ver arénicole produit une molécule, qui, tout comme l’hémoglobine intracellulaire des globules rouges, est capable de transporter le dioxygène. Il s’agit d’une molécule extracellullaire, donc non enveloppée par une membrane cellulaire dont la structure est en bicouche hexagonale dite « HBL-Hb ». Elle est compatible avec tous les groupes sanguins humains. Un miracle d’universalité. On estime à 100 millions de litres le déficit de sang à l’échelle mondiale pour les transfusions. Le marché est donc colossal. Et ce n’est pas tout : cette macroprotéine peut transporter 50 fois plus de dioxygène que l’hémoglobine humaine !
Le pouvoir d’oxygénation de cette molécule permet de booster le taux de survie des greffons. Des essais sont même en cours au niveau de transplantations d’organes entiers. « Lors d’une transplantation, l’organe une fois prélevé est soumis à une forte diminution de son apport sanguin (ischémie) qui est à l’origine de lésions et de dysfonctionnements du greffon », explique la société Hemarina. « Ces altérations favorisent le rejet aigu et accélèrent l’apparition des lésions responsables du rejet chronique de l’organe transplanté. La solution HEMO2Life® permet, en additif aux solutions de préservation d’organes, d’oxygéner le greffon et donc de considérablement réduire les risques de rejet de la greffe ».
Lioad, laboratoire breton, vient de s’associer à la société Hemarina. La fameuse molécule peut être intégrée dans des biomatériaux à base de composés similaires à ceux du tissus osseux. Le produit obtenu est implanté chez l’homme et se transforme alors en os. Les essais menés jusqu’à présent avec des cellules-souches mourraient assez rapidement, au bout de quelques semaines.
Hemarina fabrique également des pansements pour diabétiques. Les plaies de ces derniers cicatrisent en effet assez mal. D’où l’intérêt de leur donner un petit coup d’oxygène.
Par Aurore Freiberg, journaliste scientifique
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