Le sommet d’Ottawa, fin juin, a vu les fringants leaders du Canada, Etats-Unis et Mexique s’entendre sur des objectifs communs en matière d’énergies renouvelables et de lutte contre le changement climatique. Une première pour ce trio de pays pétroliers.
La photo est belle : les trois présidents progressistes du Canada, Etats-Unis et Mexique, réunis pour défendre l’écologie et les énergies propres. Dans la lignée de l’accord de Paris, les trois chefs d’Etat ont réaffirmé leur volonté de poursuivre les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les objectifs sont ambitieux : « Par la présente, nous annonçons l’objectif historique pour l’Amérique du Nord d’atteindre une production d’énergie propre à hauteur de 50 pour cent d’ici 2025 (…) et de réduire de 40 à 45 pour cent ses émissions de méthane dans les secteurs pétrolier et du gazier d’ici 2025 », indique la déclaration commune officielle.
Collaboration
Le texte publié suite au Sommet d’Ottawa insiste sur la nécessaire collaboration entre les trois pays afin d’optimiser les investissements dans les sources de production propres. Ainsi, le texte souligne l’importance des interconnexions : « À l’heure actuelle, au moins six lignes de transmission sont proposées ou à l’étape de l’examen des permis, notamment la ligne de transmission du Grand Nord, la New England Clean Power Link et la Nogales Interconnection, qui ajouteraient environ 5 000 mégawatts à la capacité de transmission transfrontalière ».
Autre point : l’harmonisation. Les dirigeants estiment que la collaboration trilatérale concernant l’écologisation des initiatives passe aussi par l’achat de produits plus efficaces, d’énergie plus propre et de véhicules moins polluants. « Renforcer et harmoniser les normes sur l’efficacité dans les trois pays, faciliter le mouvement des produits, réduire la pollution et diminuer les coûts pour les consommateurs. Nous nous engageons à promouvoir l’efficacité industrielle et commerciale au moyen de la norme à adhésion volontaire ISO 50001 ainsi qu’à harmoniser dix normes sur l’efficacité énergétique ou procédures de mise à l’essai d’équipement d’ici la fin de 2019 », indiquent-ils.
Enfin, une attention particulière sera portée aux effets des polluants climatiques de courte durée de vie, comme le méthane, le carbone noir et les hydrofluorocarbures, jusqu’à des milliers de fois plus puissants que ceux du dioxyde de carbone. « Des mesures sensées visant à réduire ces polluants généreront, à court et à long terme, d’importants avantages sur le plan du climat et de la santé, ce qui favorisera l’atteinte de notre objectif de limiter la croissance du réchauffement planétaire au cours du présent siècle », est-il précisé.
Portée limitée
Si cette déclaration commune des trois pays d’Amérique du nord est une première, sa portée n’en reste pas moins limitée. Ce sommet a surtout été une occasion d’accorder les violons des trois gouvernements progressistes qui, une fois n’est pas coutume, se trouvent au pouvoir au même moment. Mais cette volonté d’harmonisation pourrait bien ne pas durer. Les Etats-Unis entrent dans une campagne présidentielle dans laquelle l’un des deux candidats, Donald Trump, ne cache pas son aversion pour la cause écologique. S’il venait a remporté l’élection suprême, il fait peu de doute que cette déclaration d’Ottawa deviendra lettre morte.
Au-delà des élections américaines, et malgré leur bonne volonté, les dirigeants nord-américains devront trouver plus que des mots pour sortir leur économie très dépendante des énergies fossiles. Pour rappel, en 2015, ces trois pays pesaient plus de 20% de la production mondiale de pétrole brut.
Par Romain Chicheportiche
Réagissez à cet article
Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous et retrouvez plus tard tous vos commentaires dans votre espace personnel.
Inscrivez-vous !
Vous n'avez pas encore de compte ?
CRÉER UN COMPTE