Alors que ceux que l’on appelle les « liquidateurs » s’ingénient au péril de leur vie, à rétablir le courant, remettre d’aplomb le circuit de refroidissement et remédier aux fuites d’eau radioactive de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi, les normes de sécurité des centrales nucléaires vieillissantes font actuellement l’objet d’une révision, en vue de leur amélioration.
Une étude diligentée par l’Associated Press a mis le doigt récemment sur les fuites de l’un des isotopes radioactifs de l’hydrogène – le tritium –, supposées être fréquentes aux États-Unis (elles concernent les trois quarts des centrales américaines). Ces fuites auraient pour origine la corrosion et la dégradation des canalisations enfouies transportant l’eau permettant le refroidissement du réacteur nucléaire, et pourraient être responsable de la contamination des nappes d’eau souterraine.
Les moyens dont disposent les centrales pour contrôler ces fuites sont limités : pour détecter la corrosion éventuelle d’une canalisation souterraine, on peut générer un gradient de potentiel électrique pour localiser l’endroit où les tuyaux auraient été corrodés, ou des ultrasons pour repérer les cassures. L’unique moyen de contrôle direct reste le déterrement d’un conduit, solution coûteuse et extrême mais très efficace.
Le professeur Harry Asada, professeur d’ingénierie au Département d’Ingénierie Mécanique et directeur du Laboratoire Arbeloff pour les Systèmes d’Information et la Technologie, rattaché au très prestigieux MIT (Massachusetts Institute of Technology), travaillerait avec son équipe sur un moyen de contrôle plus direct, plus pratique, et moins coûteux : un petit robot sphérique équipé de caméras, qui serait capable de plonger dans le réacteur nucléaire et de se déplacer à travers le réseau de canalisations souterraines à la recherche du moindre signe de corrosion ou de dégradation des tuyaux. Des détails du prototype ont été présentés lors de la dernière conférence de l’IEEE, sur la robotique et sur l’automatisation.
Ressemblant à un boulet de canon métallique, sans propulseurs à hélice ni gouvernail (les risques de le voir se coincer quelque part, et de devoir éteindre la centrale pour le récupérer sont jugés trop élevés), il utilise une valve pour atteindre le réseau de canalisations, coupant l’eau dans un tuyau ou non, créant ainsi un effet de « jet-stream ». Les images prises par le robot sont transmises en temps réel grâce à une connexion laser sans fil et sous-marine, sur un peu plus de 100 mètres. À l’aide d’un système ingénieux de cardan à deux axes, la caméra peut faire un panoramique alors même que le robot reste stationnaire.
Ce robot n’aurait qu’une durée de vie limitée, dûe aux dégradations extrêmes liées aux radiations supportées lors d’une descente, mais il reste tout de même très attractif. À l’heure actuelle, il est envisagé de l’utiliser dans un milieu moins corrosif, les égouts, pour accomplir le même genre de mission.
Par Rahman Monnzur
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