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Un programme énergétique qui mise sur le nucléaire, entre autres

Posté le 16 mai 2022
par Pierre Thouverez
dans Énergie

A peine réélu, Emmanuel Macron va devoir mettre en place, en cohérence avec ce qu'il a annoncé durant la campagne présidentielle, un programme énergétique ambitieux mais risqué. Explications.

L’urgence climatique, une énième fois rappelée dans le dernier rapport du GIEC, en février 2022, est bien sûr intimement liée à la question énergétique. Les problématiques de consommation et de production d’énergie dans l’hexagone font donc partie des prérogatives importantes du président, et sur ce point Emmanuel Macron a fait des propositions nombreuses, visant à développer conjointement plusieurs types de productions électriques : nucléaire, éolien offshore, hydrogène… une telle diversification peut laisser penser que le pari est risqué, et il l’est. D’un autre côté, miser sur plusieurs énergies permet aussi d’envisager un échec sur l’une d’entre elles plus sereinement. Si les autres voies aboutissent. 

Il est également important de rappeler qu’au vu de la situation actuelle avec la Russie, le développement d’une autonomie énergétique doit être accéléré au niveau européen. D’ailleurs, l’ensemble des candidats à l’élection présidentielle étaient d’accord sur ce point. Il s’agit aujourd’hui d’une priorité politique et donc stratégique.

Devenir le leader européen sur l’hydrogène

C’est le premier pari : Emmanuel Macron veut faire de l’hexagone le champion continental de la production d’hydrogène bas carbone. Un plan de sept milliards d’euros, sur dix ans, sera mis en place pour accompagner une filière émergente aujourd’hui, qui pourrait créer, selon le programme du candidat Macron, 100 000 emplois.

Les ambitions françaises sur l’hydrogène synthétisent bien le mot d’ordre : il faut décarboner. C’est pour cela que le nouveau président élu s’est engagé pendant la campagne présidentielle à faire construire de nouveaux réacteurs nucléaires, plus modernes et plus sûrs, selon le programme du candidat. 6 nouveaux EPR seront construits (le chiffre de 14 au total est évoqué), et les recherches sur les réacteurs modulaires de petites tailles se poursuivront, en cohérence avec les investissements du plan France 2030. Le programme d’Emmanuel Macron précise également, sans plus de détails, que des solutions pour améliorer la gestion des déchets seront étudiées. 

Faciliter le développement des énergies renouvelables

En simplifiant administrativement la mise en place de projets d’énergies renouvelables, notamment sur les délais de mise en œuvre, Emmanuel Macron cherche à booster des secteurs qui fonctionnent aujourd’hui en dessous de leur potentiel sur le sol français, que ce soit pour l’éolien et le solaire. Sous le dernier quinquennat, la capacité de production pour l’éolien et le solaire a progressé de 20 % (voir les chiffres de RTE). La simplification administrative vise donc à accentuer cette tendance, un effort particulier étant porté sur l’éolien en mer, avec quatre grands chantiers qui sont d’ores et déjà en construction. 50 seront implantésau total, d’après le programme du candidat.

Une fin du charbon en 2024 ?

C’est une des ambitions pour ce nouveau quinquennat : en finir avec le charbon, d’ici à 2024. Alors que trois centrales ont été fermées lors des cinq dernières années, l’arrêt des dernières centrales doit coïncider avec la mise en service du nouveau réacteur de Flamanville.

Au niveau des investissements, le nouveau président français s’est engagé à ce que l’Etat ne soutienne plus financièrement de projets d’énergies fossiles à l’étranger, dans la mesure où ils ne seraient pas compatibles avec les accords de Paris. 

Dernière mesure d’ampleur, l’obligation d’installer du photovoltaïque ou des toits végétalisés lors de la construction, l’extension ou la rénovation lourde de tous les bâtiments à usage commercial, industriel ou des bureaux de plus de 500 mètres carrés.

Ainsi, si la relance de la construction de centrales nucléaires est considérée comme la mesure phare de son programme – en accord avec un des scénarios envisagé par RTE – Emmanuel Macron, en misant sur la diversification du mix énergétique, tente un pari qui, s’il ne pourra probablement pas être totalement gagnant, limite le risque pour l’hexagone de se retrouver dans une situation de dépendance énergétique trop prononcée dans les années qui viennent.

Par Pierre Thouverez


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