La question de la disponibilité de l’eau fait la Une des journaux ces dernières semaines suite à la sécheresse hivernale et à la mobilisation contre les méga-bassines agricoles. Jeudi 30 mars, lors d’un déplacement à Savines-le-Lac (Hautes-Alpes), le président de la République Emmanuel Macron a présenté le Plan Eau, « un plan d’action pour une gestion résiliente et concertée de l’eau ».
Ce nouveau plan collectif associe l’État, les collectivités locales, les acteurs économiques, les associations et les citoyens. Il veut répondre à trois enjeux majeurs : « organiser la sobriété des usages pour tous les acteurs », « optimiser la disponibilité de la ressource » et « préserver la qualité de l’eau ». France Nature Environnement salue « plusieurs bonnes nouvelles » et « l’effort écologique affiché par le gouvernement ». « Le chef de l’État a (enfin) parlé de sobriété », se félicite la fédération d’associations écologistes dans un communiqué.
Organiser la sobriété pour tous les acteurs
Le plan pose plusieurs objectifs chiffrés. La France prélève chaque année 32,8 milliards de m³ d’eau douce dans la nature (en moyenne sur la période 2010-2019). Plus de la moitié (51 %) servent au refroidissement des centrales électriques, 16 % à l’alimentation des canaux, 16 % à la production d’eau potable, 9 % aux usages agricoles et 9 % aux usages industriels. Au global, le plan ambitionne une réduction des prélèvements d’eau de 10 % dans le pays d’ici 2030.
Afin d’atteindre cet objectif, toutes les filières économiques devront présenter un plan de sobriété d’ici l’été. En plus, le gouvernement mise dès cette année sur l’accompagnement d’au moins 50 sites industriels avec le plus fort potentiel de réduction. En 2024, de nouveaux travaux seront lancés pour réduire la consommation d’eau dans les bâtiments neufs.
Ce plan de gestion de l’eau entre dans une logique de planification écologique. Pour cela, chaque grand bassin versant adoptera un plan d’adaptation au changement climatique. Il précisera la trajectoire de réduction des prélèvements au regard des projections d’évolution de la ressource en eau et des usages.
Optimiser la disponibilité de la ressource
Pour sécuriser l’approvisionnement en eau potable, la première piste consiste à réduire les fuites dans les canalisations. Sur les 500 millions d’euros supplémentaires accordés chaque année par ce plan aux agences de l’eau, 180 millions d’euros par an serviront à résorber « en urgence » les fuites d’eau en France dans les points les plus sensibles. Via communiqué, la Fédération professionnelle des entreprises de l’eau (FP2E) salue « les mesures concrètes du plan Eau » et appelle à « leur mise en œuvre complète et sans délai ». Si ces moyens supplémentaires vont dans le « bon sens », elle estime que la France a besoin de 15 milliards d’euros sur cinq ans pour adapter la gestion de l’eau au dérèglement climatique.
L’optimisation de l’usage de l’eau passera aussi par la valorisation des eaux usées et pluviales. Le gouvernement espère développer 1 000 projets de réutilisation sur le territoire, d’ici 202. Il espère passer d’un taux de réutilisation des eaux usées traitées (REUT) de 1 % à 10 % d’ici 2030. D’autres projets permettront d’améliorer le stockage dans les sols, les nappes et les ouvrages. En particulier, un fonds d’investissement hydraulique agricole sera abondé à hauteur de 30 millions d’euros par an pour moderniser les ouvrages existants (curages de retenues, entretien de canaux…) et développer de nouveaux projets.
Préserver la qualité et restaurer les écosystèmes
Le troisième axe du plan vise à prévenir les pollutions des milieux aquatiques et, en particulier, renforcer la protection des aires d’alimentation de captage. Il devrait notamment favoriser l’agroécologie et l’agriculture biologique dans ces zones et soutenir les pratiques agricoles à bas niveau d’intrants. 30 millions d’euros par an soutiendront dans le secteur agricole le développement de pratiques agricoles économes en eau. En plus, le déblocage d’un fonds de 30 millions d’euros pour l’hydraulique agricole facilitera l’utilisation des ouvrages existants et améliorera l’infiltration dans les nappes phréatiques.
L’association Générations Futures regrette des mesures cantonnées aux seules aires de captage. Elle souligne l’absence d’« interdiction par exemple d’utilisation des pesticides de synthèse (particulièrement ceux néfastes pour les milieux aquatiques) à moins de 100 mètres de ces zones ». « Au-delà de ces aires de captage, rien sur les usages de ces polluants près des cours d’eau et des étendues d’eau, rien sur les usages en zones côtières », ajoute-t-elle.
Parmi les aides supplémentaires aux agences de l’eau, 50 millions d’euros par an seront néanmoins consacrés à la mise aux normes des stations d’épuration prioritaires. Dès 2023, 100 millions d’euros serviront à financer des projets de renaturation et de désimperméabilisation des collectivités dans le cadre du Fonds vert.
Cet article se trouve dans le dossier :
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