La géothermie de surface consiste à récupérer la chaleur interne de la terre à une faible profondeur. Elle possède de nombreux atouts pour le chauffage ou le rafraîchissement des habitats, mais est peu valorisée en France. Le Haut-commissariat au plan propose une feuille de route en quatre volets pour faire décoller cette technologie.
Le sous-sol de la terre renferme un gisement quasi inépuisable d’énergie. Il existe différents types de géothermie, qui se différencient entre eux par la profondeur d’exploitation de la chaleur interne de la terre, de sa température, ainsi que de la valorisation de cette ressource. Le Haut-commissariat au plan (HCP) vient de rédiger une note dans laquelle il recommande le lancement d’un plan d’action pour développer la géothermie de surface. Ce programme pourrait contribuer de manière substantielle à l’atteinte des objectifs de souveraineté stratégique et énergétique de la France, de neutralité carbone et de sortie des énergies fossiles.
Pour rappel, la géothermie de surface consiste à récupérer la chaleur du sous-sol à une profondeur généralement située entre 0 et 200 mètres. À l’aide de sondes géothermiques, cette chaleur est transférée grâce à un fluide caloporteur, composé d’eau et d’antigel, vers un échangeur thermique de type pompe à chaleur. En fonction de la saison, cette technique peut être utilisée pour le chauffage ou le rafraîchissement des maisons individuelles, des habitats collectifs, ainsi que des bâtiments du tertiaire.
« Comparée à la géothermie profonde, la géothermie de surface permet d’avoir accès, à des coûts bas, à une production calorique ou frigorifique, par les technologies maîtrisées et améliorables du forage et de la pompe à chaleur, souligne le HCP. C’est un mode de production économe, sans altération sensible dans le temps, et qui utilise simplement les capacités sans limites de notre planète, directement sur place, par le circuit de production/consommation le plus court possible. »
À ce jour, cette technologie est peu valorisée en France. Elle fournit uniquement 3 % de la chaleur renouvelable, soit un peu plus de 1 % de la chaleur produite en France ; la production de froid est quant à elle négligeable. Or, le potentiel de la géothermie de surface est très important au regard de la demande énergétique des bâtiments. En additionnant les différents gisements, le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) estime à 100 TWh annuels le potentiel d’économie de gaz accessible d’ici 15 à 20 ans grâce à ce procédé.
Convertir 4 millions de maisons individuelles chauffées au gaz ou au fioul
Face à cette situation, le Haut-commissariat au plan propose une feuille de route pour faire décoller le secteur de la géothermie de surface en France. Elle se décline en quatre volets afin de rendre effectif ce déploiement partout où cela est possible.
Un premier effort doit porter sur le développement de la formation des professionnels du secteur dans le but d’accroître le volume de l’offre. Les besoins en main-d’œuvre sont considérables par rapport à l’offre disponible à ce jour. Le BRGM estime à 2 400 le nombre de postes de foreurs nécessaires – contre environ 70 aujourd’hui, 200 en comptant les capacités de forage dans le domaine hydraulique – pour réaliser en deux décennies la conversion de la moitié des 8 millions de maisons individuelles chauffées au gaz ou au fioul. L’ampleur de cette montée en compétences requiert un plan de formation adapté et ambitieux auprès des organismes spécialisés et des entreprises potentiellement concernées.
En plus de ces ressources humaines, un deuxième axe doit être mené en parallèle pour développer les capacités de forage et l’offre de systèmes de chauffage. Les outils de production font défaut actuellement pour déployer davantage de pompes à chaleur. « Il est impératif de consulter les industriels concernés pour établir un plan de montée en charge et ses conditions, par exemple dans le cadre du plan France 2030 ou d’une action européenne concertée », déclare le HCP. Plus loin, il ajoute : « une programmation pluriannuelle des besoins pourrait être établie, sur laquelle les pouvoirs publics pourraient donner des garanties de stabilité (calendrier de déploiement, volumes, perspectives de soutien et d’accompagnement, visibilité sur la réglementation), et les industriels préciser comment ils pourraient répondre à ces commandes. »
Un troisième axe de développement se situe au niveau des incitations à l’investissement. Selon le HCP, il est nécessaire de les revoir afin de les faire correspondre aux capacités de financement des ménages. « Ce soutien à l’investissement doit être arrêté en concertation entre l’État, les collectivités territoriales et les organismes de financement. Il peut emprunter différentes formes, telles que l’augmentation des aides aux pompes à chaleur géothermiques afin de diminuer le reste à charge, ou des facilités de financement et de prêt », précise l’institution.
Enfin, un dernier volet porte sur la nécessité d’établir de manière plus précise la cartographie du territoire pour favoriser le développement de la géothermie de surface, en repérant notamment les zones les plus favorables à des forages performants. « Pour fiabiliser les forages et optimiser les installations, une cartographie plus fine du territoire français est souhaitable, indique le HCP. En particulier, les régions Bretagne, Bourgogne-Franche-Comté, Corse, Hauts-de-France et PACA nécessitent des travaux plus poussés selon le BRGM. Il s’agit d’approfondir l’analyse de données existantes par des campagnes de reconnaissance sismique ou par forage. L’optimisation permise par les analyses du BRGM peut faire gagner de l’ordre de 15 % sur le coût d’une installation, pour des campagnes ayant un coût total de quelques dizaines de millions d’euros. »
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