La Commission Européenne déclare qu’elle veut s’attaquer à un vrai problème: la réduction des consommations en carburants et des émissions de CO2 des poids lourds et autres bus qui circulent en Europe. Elle annonce avoir défini un logiciel (Vecto) qui lui permettra de simuler les émissions de CO2 prévisibles pour les nouveaux véhicules mis sur le marché, première étape nécessaire pour établir un état des lieux, puis pour fixer réglementairement, des objectifs de progrès auprès des constructeurs.
Les émissions de CO2 des poids lourds en Europe représentent aujourd’hui le quart des émissions de l’activité transport routier ou 5% des générations totales européennes de gaz à effet de serre, affirme la Commission.
La progression de la circulation des poids lourds en Europe a entraîné une croissance des consommations de carburants et des émissions de 36% entre 1990 et 2010. Inverser cette tendance, dans un contexte de hausse inexorable des coûts des carburants, apparaît comme étant un défi nécessaire à la bonne santé économique des nations européennes.
Il en résulte que l’objectif pour 2050, fixé par ailleurs, de réduire de 60% les émissions de CO2 par rapport au niveau de référence de 1990 est donc un objectif d’une grande ambition qui nécessitera la mise en place de progrès technologiques significatifs sinon révolutionnaires.
Parmi les grandes familles d’actions envisageables par les constructeurs, les actions portant sur la réduction des pertes d’énergie tout au long de la chaîne de traction, sur l’aérodynamisme du véhicule, sur sa réduction de masse à vide, sur la réduction des déformations des pneumatiques au contact de la chaussée, sur l’aide à la conduite et l’aide au choix d’itinéraire ne seront pas suffisantes pour atteindre l’objectif.
Se posera alors le problème de l’hybridation des poids lourds qui permettra de récupérer l’énergie cinétique au freinage, point clé d’une amélioration réelle de l’efficacité énergétique de ces véhicules très lourds, en particulier durant les phases d’embouteillages de la circulation aux abords des agglomérations, lieux où les consommations de carburant s’emballent.
Une hybridation électrique centralisée, du type de celle mise au point sur les véhicules de tourisme, nécessiterait d’énormes batteries onéreuses associées à des moteurs électriques de très grande puissance. Une option possible, pour fractionner ce bilan énergétique et réduire ainsi les pertes d’énergie, consisterait à traiter ce problème de façon autonome dans chacune des roues ou sur chacun des essieux, y compris ceux des remorques, de poids lourds qui peuvent dépasser en charge les 40 tonnes.
L’autre option réside dans le stockage pneumatique, si possible adiabatique, de cette énergie.
Formidables défis technologiques en perspective, à affronter sans tabous.
Les économies attendues en achats de carburants devraient permettre d’amortir les surcoûts prévisibles d’une technologie plus complexe des ensembles.
Par Raymond Bonnaterre
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