Le Collectif Startups Industrielles France lance le premier accélérateur destiné aux startups industrielles qui souhaitent amorcer leur virage vers un modèle circulaire. La présidente du collectif, Éléonore Blondeau, nous explique la démarche.
Éléonore Blondeau est co-fondatrice et présidente du Collectif Startups Industrielles France (CSI France). Avec le soutien de La French Tech, elle lance le premier accélérateur destiné aux startups industrielles « linéaires » qui souhaitent pivoter vers un modèle circulaire et celles qui souhaitent industrialiser un modèle circulaire à grande échelle. La première promotion 2023 sera composée de 20 startups industrielles, en provenance de toute la France. L’appel à candidatures pour un programme de 5 mois court jusqu’au 16 février.
Techniques de l’ingénieur : Votre expérience vous a montré les freins à l’amorçage des startups industrielles en France. Pouvez-vous nous expliquer votre parcours ?
Éléonore Blondeau : J’ai été entrepreneure dans l’industrie pendant cinq ans. J’ai notamment cofondé CleanCup. Cette solution reposait sur une machine qui distribuait, collectait et lavait automatiquement, sur place, des verres réemployables. L’idée était de supprimer l’usage des gobelets jetables et d’améliorer l’expérience de boire dans les campus, entreprises et collectivités. Tous les voyants étaient au vert. Nous avions les clients et un partenaire industriel. Nous avions levé les verrous industriels, mais n’avons malheureusement pas trouvé les fonds propres pour finir l’industrialisation.
En discutant avec d’autres entrepreneurs industriels partout en France, je me suis rendu compte que, quels que soient le produit développé et la filière, il y a trois grandes phases similaires de développement : la phase de R&D – prototypage, celle de pré-industrialisation et celle de grande série –. Ces trois phases s’accompagnent de problèmes similaires : la difficile accessibilité à des fonds propres, un problème d’accès au foncier adapté, le manque de compétences et le manque de connaissance du monde industriel dans l’écosystème startup. Enfin, comprendre à quelles norme, homologation ou certification un produit doit répondre est un vrai casse-tête réglementaire.
Ces constats vous ont poussés à cofonder l’association Collectif Startups Industrielles France et vous venez de lancer un accélérateur de startups industrielles. Dans quel but ?
La France compte officiellement 1 600 startups industrielles. J’ai cofondé ce collectif pour faire connaître leur existence et accompagner l’écosystème startup. Celui-ci était jusqu’à présent très orienté vers les projets numériques et les services. Le collectif aide l’écosystème à s’adapter et propose désormais une nouvelle offre aux projets dont l’innovation repose aussi sur un produit matériel ou procédé industriel duplicable à grande échelle. Nous proposons plusieurs solutions en « open source » pour que tous les acteurs de l’écosystème puissent les déployer dans leur territoire. Aujourd’hui, nous avons un peu plus de 170 adhérents partout en France, plus de 3 000 personnes dans la communauté et une quinzaine de partenaires.
L’accélérateur va accompagner 20 startups industrielles linéaires ou déjà en réflexion sur certains sujets circulaires. À la fin des cinq mois d’accompagnement, elles auront une feuille de route opérationnelle qui décrira les actions par lesquelles elles doivent passer, les financements et les acteurs associés, pour devenir circulaires à grande échelle. Par cet accélérateur notre objectif est de faire de la circularité, le nouveau standard industriel.
Quelle est donc la différence entre une startup industrielle linéaire et circulaire ?
Une startup industrielle, c’est un projet dont l’innovation repose sur un produit matériel ou un procédé industriel reproductible à grande échelle. S’interroger sur la linéarité ou la circularité d’une startup, c’est se poser plusieurs questions sur le produit et son modèle économique. La startup linéaire n’a pas intégré dès le départ les critères de la circularité. Une startup circulaire a nativement intégré les sept piliers de l’économie circulaire.
C’est déjà se poser la question : est-ce qu’il y a besoin de créer le produit et le projet ? Si oui, avec quel niveau de technologie ? C’est aussi prendre en compte les aspects d’éco-conception, de réparabilité, de recyclabilité et le business model. Il y a aussi l’écologie territoriale qui consiste à étudier la possibilité de produire localement, voir si des ressources et des partenaires sont disponibles à proximité. En fin d’usage, il faut regarder s’il est possible d’upcycler, recycler, composter le produit, le valoriser énergétiquement ou s’il faut malheureusement le mettre à l’enfouissement.
Dans ce cadre, quelle est la vision du modèle industriel circulaire pour la France portée par le collectif et l’accélérateur ?
Notre mission est de réconcilier l’industrie, la finance et le numérique au service de la transition écologique et sociale. Nous pensons que le développement d’un écosystème national en faveur de l’amorçage industriel en France est déjà une énorme première étape. Au lieu de produire à l’autre bout du monde, nous allons en effet produire localement et ainsi mieux maîtriser les impacts tout au long de la chaîne de valeur.
L’idée maintenant est d’accompagner les acteurs sur la réflexion de la sobriété. Avons-nous vraiment besoin du NFC [technologie de communication sans fil à courte portée, NDLR], de la 5G, ou encore d’un pot de fleurs connecté ? Quel est le niveau de déploiement du produit, du procédé, du service ou de la technologie dont on a besoin réellement ? Nous considérons que ce n’est pas parce qu’on maîtrise une technologie qu’on doit la déployer. Il faut simplement le faire lorsqu’elle répond à un vrai besoin.
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