Novacem, une société londonienne qui développe un ciment au bilan carbone négatif, affirme pouvoir inverser l'impact des émissions de CO2 de l'industrie. Giovanna Dunmall, journaliste indépendante, fait le point sur les recherches quant à la faisabilité du matériau, qui sont toujours en cours.
Le béton traditionnel ou béton Portland est fabriqué en chauffant du calcaire et de l’argile à 1.500 °C dans des fours géants. La quantité considérable d’énergie que nécessite l’action de chauffer la matière première, ainsi que les réactions chimiques qui ont lieu pendant la décomposition du calcaire, produisent, d’après l’Agence internationale de l’énergie, quelque 0,83 tonne de CO2 pour une tonne de ciment.Lorsque le ciment est mélangé à l’eau dans la construction, chaque tonne absorbe 0,4 tonne de CO2. Reste une production nette de 0,4 tonne de CO2 pour chaque tonne de ciment utilisée. Novacem (une société issue de l’Imperial College of London) développe actuellement un ciment basé sur l’oxyde de magnésium, un dérivé de silicates minéraux. Chauffé à la température bien inférieure de 650°C, il émet moins de 0,5 tonne de CO2 par tonne de ciment produite. Mais le point crucial est sa capacité à absorber de grandes quantités de CO2 lorsqu’il durcit.
0,4 tonne de CO2 émis pour une tonne de ciment utiliséL’équipe de Novacem travaille avec les consultants WSP Group, Laing O’Rourke et Rio Tinto Minerals pour évaluer la faisabilité du matériau et tester son efficacité. Si les tests confirment qu’il peut-être utilisé dans des projets de construction à grande échelle, elle espère le voir sur le marché d’ici cinq ans au plus.MPA Cement (autrefois British Cement Association) juge cette échéance exagérément optimiste. Mike Taylor, responsable en chef des normes, signale qu’il peut être difficile de trouver suffisamment de minéral de silicate de magnésium pour fabriquer du ciment à l’échelle commerciale au Royaume-Uni, bien que le minéral se trouve dans le monde en abondance. Il alerte également contre l’impact environnemental de son transport jusqu’au site de fabrication.Mais c’est la qualité du ciment comme matériau de construction qui sera la clé de son succès. Pour Taylor, à moins d’être capable de remplacer le ciment Portland sur une grande échelle, il n’aura pas d’impact significatif sur le changement climatique.Par Giovanna Dunmall, journaliste indépendante spécialisée dans le voyage, la consommation éthique, l’environnement, l’architecture et le design. Elle écrit entre autres dans Green Futures, un magazine indépendant publié par Forum for the future.
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