La communauté scientifique s’accorde à penser que Vénus abritait de très grandes quantités d’eau à sa surface il y a plus de 4 milliards d’années. Aujourd’hui, plus rien, des traces tout au plus. Plusieurs explications concomitantes contribuent à expliquer la disparition de cette eau. Une atmosphère très épaisse qui a induit un effet de serre tel que la température à sa surface (460°C) dépasse celle de Mercure. Les molécules d’eau se sont rapidement évaporées avant d’être séparées en ions hydrogène et oxygène sous les effets des vents solaires. Facilitant la fuite de l’oxygène dans l’espace.
Un champ électrique unique en son genre
Les scientifiques ont maintenant découvert que Vénus avait aussi un champ électrique substantiel, de l’ordre de 10V. Au moins 5 fois plus fort que ce à quoi l’on s’attendait. Sur Mars ou sur Terre, on a jamais réussi à en détecter un de manière formelle, bien que l’on suspecte l’existence d’un tel champ, mais ne dépassant pas les 2V. En effet, les électrons, plus légers, quittent plus facilement la gravité terrestre que les autres particules. Il en résulte une polarité dans l’atmosphère qui crée un champ électrique faible.
L’éjection de l’oxygène
Cependant, sur Terre ou sur Mars, les forces électromagnétiques font que les ions positifs et les électrons restent connectés entre eux, y compris lorsque ceux-ci sont sortis de l’atmosphère. Dans le cas de Vénus, le champ électrique est devenu suffisamment fort pour fournir l’accélération nécessaire aux ions oxygènes pour échapper aux forces gravitationnelles et sortir de l’atmosphère. Une explication supplémentaire à la disparition de l’eau sur la planète.
Deux ans de données nécessaires
Pour réussir à mesurer le champ électrique, les chercheurs ont dû patiemment collecter des données d’un spectromètre d’électrons embarqué sur Venus Express pendant 2 ans. Ils ont réussi à trouver 14 fenêtres d’une minute où la sonde était au bon endroit au bon moment pour mesurer le champ électrique. A chaque fois, ils ont pu le détecter. Mais pour le moment, il n’y a pas d’explication formelle pour la présence d’un tel champ. L’hypothèse la plus probable avancée est celle de la quantité de rayonnement ultraviolet reçu par Vénus. Deux fois plus importantes que sur Terre, il pourrait être à l’origine d’une quantité d’électrons libres beaucoup plus grande dans son atmosphère.
Les montagnes qui font briller les nuages
D’autre données de Venus Express sont en train d’être analysées et révèlent de nouveaux phénomènes vénusiens. Ainsi, une équipe internationale a étudié huit années d’évolution de la luminosité et de la vitesse de déplacement des nuages. Ils ont ainsi pu observer qu’au-dessus des reliefs, notamment Aphrodite Terra, les vents ralentissent (passant de 100m/s à 82m/s) et que les nuages sont plus lumineux (en UV). Les chercheurs pensent pour le moment que ce phénomène est généré par des ondes de gravité (vagues d’air circulant à la verticale à cause des reliefs). Cet apport vertical, étirerait la masse d’air à l’horizontale et provoquerait un vide d’air. Ce vide d’air emporterait avec lui, un composé qui absorbe les UV, rendant les nuages en aval des reliefs plus sombres (source Journal of Geophysical Research)
Sophie Hoguin
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