Les drones ont des usages variés : photographie, cartographie, surveillance de sites et d’infrastructures, transport de colis, etc. Mais leur multiplication complexifie la sécurité de zones sensibles comme les aéroports ou les centrales nucléaires.
L’avènement récent du drone civil à la fois pour le loisir et dans un contexte professionnel est présenté comme une révolution pour certains secteurs d’activités et en particulier celui de la livraison. Huit ans après la présentation par Amazon de son projet de livraison à domicile par drone, différentes entreprises multiplient les expérimentations. Au Royaume-Uni, la poste britannique initie une nouvelle expérimentation de livraisons par drone entre les différentes îles du pays.
Ce mode de livraison continue à susciter beaucoup d’intérêt, mais son développement reste encore limité par les problèmes de sécurité évidents. L’intégration progressive des drones dans la circulation aérienne est un changement de paradigme qui nécessite « le développement de nouveaux systèmes et services, assortis de fortes exigences de sécurité sur les aéronefs (navigabilité), les opérations, les services et la formation des personnels », rappelait la DSAC (Direction de la Sécurité de l’Aviation civile) lors d’un symposium organisé en 2019.
Un drone qui passe sous l’aile d’un Airbus
« Le nombre d’exploitants professionnels (plus de 8 500 à ce jour) augmente rapidement, à raison de 2 000 nouveaux acteurs par an. Il en est de même du nombre d’aéronefs professionnels déclarés, qui dépasse aujourd’hui les 15 000 », selon les chiffres fournis lors de ce symposium de la DSAC (Direction de la Sécurité de l’Aviation civile).
Grand public et professionnels ne peuvent pas faire n’importe quoi avec leur drone. En France, depuis le 31 décembre 2020, tout drone – quel que soit son régime d’utilisation – doit évoluer à une hauteur maximale de 120 mètres au-dessus du sol ou de l’eau. Cette hauteur vise à permettre une « ségrégation naturelle » avec la majorité des aéronefs habités qui, selon les règles de l’air en vigueur, doivent évoluer à une hauteur supérieure à environ 152 mètres.
Aucune mort n’est pour l’instant survenue en conséquence directe d’un accident de drone en France, mais les risques de collision entre drones ou avec un avion civil ou militaire ne sont pas nuls. Le 19 février 2016, les pilotes d’un Airbus A320, qui était en train d’amorcer sa descente vers Paris Charles-de-Gaulle, ont aperçu un drone qui est passé sous leur aile gauche.
Quelques mois plus tard, un autre rapprochement anormal d’un drone avec un aéronef habité a été signalé. Il s’agissait d’un Airbus A319 qui effectuait un vol Air France entre Casablanca et Paris Charles-de-Gaulle. Le drone est passé à cinq mètres à droite du cockpit.
Il y a quelques années, l’aéroport de Gatwick a dû annuler plus de 1 000 vols pendant la période de pointe des vacances en raison de multiples signalements de drones dans la région…
Autres risques : des chutes sur les infrastructures au sol (champ cultivé, bâtiment public, industriel, axe de circulation…) ou des personnes. Le 14 juillet 2019, lors d’un festival de musique qui se déroulait sur la commune du Barcarès, un drone (qui était en panne) a chuté dans la foule. Deux personnes avaient été blessées.
Dispositif de brouillage
Pour prévenir ce genre de risques, il existe une liste des zones interdites de survol par tout engin volant (habité ou non). De même, le site internet Géoportail héberge une carte de France à destination des télépilotes de drones de loisir, indiquant clairement les zones interdites de survol.
L’Europe a également décidé de financer le projet ALADDIN. Ce « Système holistique avancé de détection, d’identification et de neutralisation de drones malveillants » intéresse notamment les forces de l’ordre et les concepteurs/opérateurs de la sécurité des infrastructures critiques.
L’objectif est de développer une solution capable de détecter plusieurs types de drones dans divers environnements et dans des conditions complexes. S’appuyant sur la solution commerciale de lutte-anti drones Boreades, développée par CS Group (fournisseur européen de systèmes critiques, intelligents et cyberprotégés), ce projet a amélioré les capacités du dispositif en y ajoutant de l’intelligence artificielle, des capteurs innovants et des capacités de neutralisation.
Le système exploite un radar 2D à longue portée, un radar 3D à moyenne portée, une capacité infrarouge panoramique et une caméra PTZ (pan-tilt-zoom), ainsi que des mécanismes de neutralisation tels que des lanceurs de filets, des brouilleurs et des intercepteurs de drones.
« Grâce à une représentation holographique de la situation réelle, l’utilisateur bénéficie d’une meilleure appréciation de la situation, sans parler de la possibilité de ‘voir’ et de réagir à la menace avant même qu’elle ne devienne visible », précise Philippe Robin, chercheur rattaché à CS Group, qui fait office de coordinateur du projet.
Lorsqu’un drone hostile est identifié, la solution utilise alors son dispositif de brouillage intégré, qui peut fonctionner de manière directionnelle ou omnidirectionnelle, pour neutraliser la menace.
Après différents tests réussis, une commercialisation serait envisagée prochainement.
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