Malgré les progrès inattendus des Etats-Unis dans ce domaine, affichant une baisse des émissions de 0,2 milliard de tonnes entre 2011 et 2012, parce que les gaz de schistes, moins polluants et moins onéreux à mettre en œuvre que le charbon, se sont tout récemment imposés dans les centrales électriques américaines, ces émissions mondiales publiées pour 2012 à 34,5 milliards de tonnes, vont atteindre ou dépasser en 2013 les 35 milliards de tonnes de CO2 (voir figure 1).
C’est ce que montre la publication du ministère de l’environnement néerlandais (pbl.nl) qui tient à jour ces statistiques, avec on ne sait quelle marge d’incertitude.
Ces milliards de tonnes de CO2 annuelles, dont il semblerait que la moitié d’entre-elles soit absorbée par les sols, les eaux, les plantes et les diatomées, participent à la croissance continue de la teneur moyenne annuelle en CO2 de notre atmosphère. Ce paramètre, mesuré sur l’île du Pacifique de Mauna Loa depuis 1958 (NOAA) serait, selon la science en vigueur un déterminant du premier ordre pour expliquer le réchauffement climatique en cours de la planète, bien qu’il soit complexe et controversé de quantifier cet effet par des mesures fiables, dépourvues de biais, sur plusieurs décennies qui est l’unité de temps en vigueur pour ces phénomènes complexes.
Le paramètre global indirect le mieux mesuré et le plus probant semble être, à mon avis et pour l’instant, le niveau moyen des océans mesuré par satellites et dont l’augmentation est liée à la dilatation des eaux et à l’apport de la fonte des glaciers et des calottes polaires. Une autre source de mesure du réchauffement en vigueur me semble digne d’intérêt : c’est la mesure par satellite des températures de la basse troposphère publiée tous les mois depuis 1978 par l’Université d’Alabama (uah) qui avance pour le mois de Septembre 2013, un réchauffement atmosphérique mondial de 0,19°C par rapport à une moyenne des 30 dernières années dont 0,16°C pour l’hémisphère nord (uah Nov.). La tendance longue de ces mesures depuis Novembre 1978 affiche un réchauffement moyen de 0,14°C par décennie. Ces modestes valeurs atmosphériques confirment le rôle déterminant des glaces et des océans dans la capture des phénomènes de réchauffement de la planète.
Ces 35 milliards de tonnes annuels de CO2 largués dans l’azur, peuvent être répartis géographiquement par origines en deux grandes parts : 18 milliards de tonnes, en croissance quadratique, pour l’Asie et 17 milliards de tonnes, en légère décroissance, pour le reste du monde, hors Asie (figure 1).
Alors, compte tenu de ces résultats pour le moins décevants en termes de décroissance rêvée des émissions de CO2 anthropiques, ne serait-il pas plus sage aujourd’hui de négocier avec les grands pays asiatiques un objectif réaliste de moindre croissance de leurs émissions, dans le but d’arriver à une stabilisation des flux annuels mondiaux de dioxyde de carbone vers une valeur inférieure ou égale aux 40 milliards de tonnes en vue à l’horizon 2020.
Ce serait à la fois un progrès et un vrai défi pour de nombreux pays asiatiques dont la Chine qui dispose dès à présent d’un large réseau routier (troisième mondial après les Etats-Unis et l’Inde et qui dès 2030 disposera du premier réseau routier mondial, affirme l’OPEP dans son World Oil Outlook 2013, page 84) sur lequel des millions de Chinois aisés et urbains voudront se déplacer dans leur véhicule personnel.
Après la révolution industrielle chinoise en cours, il faut imaginer l’émergence d’une révolution des transports individuels dans ce grand pays, à la recherche de paix sociale et d’harmonie qui devraient rappeler l’American Way of Life, en version chinoise. La montée des cours du pétrole prévisible accompagnant cette formidable transition asiatique à venir devrait participer à la modération des émissions de gaz carbonique. Seuls les prix croissants des ressources énergétiques carbonées pourront enfin maîtriser les flux mondiaux d’émissions de gaz carbonique à la baisse.
De toute évidence, ce ne sont pas les réductions des émissions de CO2 de la France qui pèse aujourd’hui 1,1% du total des émissions anthropiques mondiales de CO2 (figure 1) qui résoudront concrètement le problème.
Figure 1 : émissions annuelles de dioxyde de carbone par grandes régions et pour la France exemplaire dans ce domaine (Source: ministère néerlandais de l’environnement)
Par Raymond Bonaterre