Des chercheurs annoncent la découverte d’une nouvelle espèce d’amphipode, mesurant environ un centimètre. Découvert dans la Fosse des Mariannes, il est déjà contaminé par du plastique. Il est ainsi nommé : Eurythenes Plasticus.
La Fosse des Mariannes se situe dans le nord-ouest de l’océan Pacifique. Des chercheurs de l’Université de Newcastle y ont découvert une nouvelle espèce d’amphipode, un crustacé très abondant en milieu marin, comme ils l’expliquent dans la revue Zootaxa. Sa particularité ? Les chercheurs ont nommé officiellement ce petit crustacé « Eurythenes Plasticus », en référence au plastique qui le contamine.
Cette nouvelle espèce d’amphipode a été prélevée entre 6 010 et 6 949 m de profondeur. Les chercheurs ont fait une analyse de microplastiques dans quatre juvéniles (crustacés lorsqu’ils sortent de l’œuf) d’Eurythenes Plasticus. Les trois individus prélevés à 6 865 m étaient exempts de fibres plastiques. En revanche, le juvénile d’une longueur corporelle de 15,6 mm et prélevé à 6 949 m, contenait une fibre sombre de 649,648 μm de long dans son intestin postérieur. L’analyse par spectroscopie infrarouge à transformée de Fourier a déterminé que cette fibre était similaire à 83,74 % au polyéthylène téréphtalate (PET). Ce polymère sert à fabriquer divers emballages et objets du quotidien en plastique, en particulier les bouteilles d’eau et de sodas, ainsi que les vêtements synthétiques en polyester.
De microplastiques et de crustacés
Cette découverte ajoute Eurythenes Plasticus à la liste des amphipodes contaminés par le plastique. Il rejoint les spécimens adultes de Hirondellea gigas de la fosse des Mariannes et les Eurythenes sp. de la fosse du Pérou-Chili. « La consommation de microplastiques par un juvénile indique que les amphipodes piégeurs ingèrent potentiellement des microplastiques tout au long de leur vie, ce qui pourrait avoir des effets aigus et chroniques sur la santé, s’inquiète l’étude. Alors que les impacts écotoxicologiques de l’exposition aux microplastiques n’ont pas encore été étudiés sur les amphipodes des grands fonds, les premiers travaux sur d’autres Malacostraca [une classe de crustacés dits « supérieurs », ndlr] indiquent que l’ingestion de fibres de polypropylène par le crabe des sables, Emerita analoga, augmente la mortalité adulte et diminue la rétention des pontes d’œufs. »
Les océans contiennent des microplastiques de sources diverses et de différents polymères. En particulier, chaque cycle de lavage des textiles synthétiques en machine à laver relâche des centaines de milliers fibres dans les eaux usées. Une fois dans l’environnement, ces fibres contaminent toute la chaîne alimentaire. « Sans de profonds changements mondiaux dans le cycle de vie du plastique, de la réduction de sa production à l’amélioration de la gestion des déchets, les plastiques et les microfibres continueront d’être transportés en haute mer et seront omniprésents dans la chaîne alimentaire hadale », préviennent les auteurs. Le WWF qui a soutenu l’étude saisit l’opportunité pour réitérer son appel à un accord international afin de mettre fin à la pollution au plastique.
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