Depuis le lancement du Human Brain Project, la course au cerveau humain artificiel stimule la recherche. En 2012, le premier cerveau comptabilisant 2,5 millions de neurones (à comparer aux 100 milliards de neurones du cerveau humain) était capable de lire, écrire, mémoriser. Baptisé SPAUN, ce cerveau numérique repose sur un modèle informatique censé imiter les circuits cérébraux.
Mais le virtuel n’est pas la seule façon d’étudier le fonctionnement cérébral. Les chercheurs américains ont choisi de créer un cerveau « physique », c’est-à-dire bien réel. Pour cela, ils ont utilisé une matrice de collagène à l’intérieur de laquelle les neurones peuvent s’interconnecter dans toutes les directions. Ils ont implantés des noyaux neuronaux à l’intérieur d’anneaux de soie, chacun étant indépendant des autres. Les scientifiques ont ensuite regroupé les différents éléments de façon à reproduire l’assemblage neuronal du cerveau humain. Cet assemblage inédit a permis de générer et d’étudier l’activité de ce cortex artificiel pendant neuf semaines.
Min D. Tang-Shomer, auteur principal de l’étude, n’a pas hésité à risquer d’endommager sa création et s’est « amusé » à faire tomber un poids sur ce cerveau artificiel. Les réponses chimiques et électriques des neurones face à ce stress se sont révélées semblables à celles observées sur le cerveau d’animaux ayant subit un traumatisme crânien. De quoi valider ce modèle de cerveau à base de soie et de collagène.
La recherche dispose donc d’une nouvelle approche pour étudier la réaction du cerveau et plus précisément du cortex.
Par Audrey Loubens, journaliste scientifique