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Un comprimé personnalisable grâce à l’impression 3D

Posté le 31 mai 2024
par Romain FOUCHARD
dans Chimie et Biotech

Quelle innovation biotechnologique ne doit-on pas rater en mai ? Des matériaux co-imprimés en 3D pour obtenir des « polycomprimés » utilisables en santé humaine et en médecine vétérinaire…

À quand des comprimés pharmaceutiques personnalisés ? Peut-être pour bientôt grâce à la fabrication additive. Cette technique a le double avantage de proposer de multiples libertés de design associées à un contrôle du dépôt de matériau au niveau du voxel individuel. Le terme voxel est issu de la contraction de « volume » et de « pixel », ce dernier étant lui-même tiré de la contraction de « picture » et de « element ». En bref, le voxel est à la 3D ce que le pixel est à la 2D. L’impression 3D par dépôt offre une précision jusque dix fois supérieure à celle par extrusion – de 10 à 80 μm contre 100 à 800 μm – pour des matériaux multiples. Autrement dit, ce type d’impression ouvre la porte à l’intégration au sein de comprimés de doses médicamenteuses optimales avec des taux de libération sur mesure. Le tout usinable en grands volumes de production. Reste « simplement » à trouver la bonne recette… que des chercheurs anglais pourraient bien avoir trouvée !

De multiples formes de comprimés pour des dosages personnalisés

Geoffrey Rivers, professeur assistant à l’université de Nottingham (Angleterre), est le premier auteur d’un article paru courant mai 2024 dans le journal Materials Today Advances. Aidé de ses collègues du Centre de fabrication additive et de l’École de pharmacie de l’université, le professeur a démontré la faisabilité de la co-impression au sein d’une même enveloppe de deux matériaux différents – l’un hydrosoluble, et l’autre non. Pour en arriver là, les scientifiques ont d’abord recherché des polymères hydrosolubles biocompatibles pouvant servir d’excipients, c’est-à-dire de substances capables d’incorporer les principes actifs du médicament. Ils se sont alors tournés vers le poly-ACMO (poly-4-acryloylmorpholine), à la fois hydrosoluble et photodurcissable, qu’ils ont couplé à de l’aspirine pour jouer le rôle de monomère insoluble. Une fois l’impression réalisée, la pilule-test a été durcie sous une lumière ultraviolette pour donner un comprimé de 5 millimètres de diamètre pour 1 millimètre de hauteur.

Les comprimés 3D obtenus par les chercheurs de l’université de Nottingham. Crédits : University of Nottingham.

En poursuivant sur leur lancée, Geoffrey Rivers et ses collègues de Nottingham ont décidé de varier les morphologies de leurs comprimés dans le but de contrôler la libération du médicament chez le patient. En effet, le taux de libération des agents thérapeutiques est déterminé par la surface de l’objet. Le disque, la couronne, ou encore la couronne insoluble pourvue d’un cœur hydrosoluble comptent parmi les formes testées par l’équipe scientifique. Les chercheurs sont ainsi parvenus à étendre leur gamme de taux de libération avec des courbes de dissolution lentes (0,98 +/- 0,04 mg/min), rapides (4,07 +/- 0,25 mg/min) et même multi-étapes (2,17 +/- 0,04 mg/min, puis 0,70 +/- 0,13 mg/min). Ces résultats laissent présager de la viabilité de futurs dosages solides personnalisés à l’aide de tels « polycomprimés », que ce soit dans le cadre de la santé humaine comme de la médecine vétérinaire.


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