Par rapport à sa dernière carte de la qualité de l’eau en France établie en 2012, l’association de consommateurs se réjouit que 280.000 Français supplémentaires bénéficient d’une eau conforme à la réglementation sur les six critères étudiés (qualité bactériologique, teneur en aluminium, pesticides, nitrates, sélénium et radioactivité).
« Près de 98% » des Français ont donc « accès tout le long de l’année à une eau de bonne qualité », ajoute-t-elle.
En revanche, 1,48 million de consommateurs « continuent à payer pour une eau non conforme », regrette l’association, qui s’appuie sur les résultats d’analyses publiés, commune par commune, par le ministère de la Santé pendant deux ans.
Une carte interactive pour connaître la qualité de l’eau dans sa commune est publiée sur le site de l’association à l’adresse: http://www.quechoisir.org/app/carte-eau.
Un dépassement des normes ne signifie pas pour autant que l’eau n’est pas potable, a tenu à souligner, lors d’une conférence de presse, Olivier Andrault, chargé de mission à UFC-Que Choisir et qui a piloté l’étude.
« Il y a des marges de sécurité », a-t-il précisé, soulignant qu’il revenait aux mairies de décider de restreindre la consommation.
Comme en 2012, l’agriculture est, « de loin », la première responsable.
Dans 63% des cas de non-conformité, l’eau arrive trop chargée en pesticides, en nitrates issus des apports d’engrais et de fumure animale sur les cultures et en sélénium, un composant du sous-sol naturel mais toxique apparaissant dans les cas de « surexploitation des nappes phréatiques ».
Ces pollutions agricoles, les pesticides étant les plus répandus, concernent potentiellement 900.000 consommateurs, principalement « dans les zones d’agriculture intensive du quart Nord-Est de la France ».
Un tiers des pollutions proviennent de défauts dans le traitement de l’eau (surdosage en chlore ou dépassement de teneur en aluminium). Quelque 500.000 Français, résidant majoritairement en zones rurales et de montagnes, sont concernés par un problème dû « à la vétusté des réseaux ou le manque de surveillance » des équipements.
La radioactivité naturelle explique le reliquat de non-conformité (soit 4% des cas).
Globalement, la qualité de l’eau est bien meilleure dans les zones urbaines, les pollutions étant « majoritairement retrouvées dans des petites communes » rurales, note UFC-Que Choisir. L’écart s’est d’ailleurs encore creusé depuis 2012 avec un niveau de contamination en baisse de 35% dans les communes de plus de 5.000 habitants mais en hausse de 8% dans les villages de moins de 500 habitants.
Globalement, la bonne qualité de l’eau du robinet en France reste néanmoins « en trompe-l’oeil » pour l’association, car principalement dûe aux moyens importants mis dans la dépollution plus que dans la prévention pour protéger les nappes.
« Chaque année, pas moins de 400 captages d’eau potable sont fermés, essentiellement pour des raisons de pollution agricole », a indiqué M. Andrault. « A chaque fois qu’on ferme un captage, on enfouit un problème sans le régler ».
Pour le président de l’UFC-Que Choisir, Alain Bazot, « on assiste à une véritable fuite en avant ». « C’est une politique de l’étouffoir, qui fait que les choses ne sont pas visibles. Sans doute que le réveil sera extrêmement douloureux dans les années qui viennent », a-t-il déclaré .
Selon l’association, le coût de la dépollution se situe par an entre 640.000 et 1.140 millions d’euros.
Cette « prime » à la dépollution constitue, à ses yeux, « une aberration économique puisque ce sont les consommateurs -et non les agriculteurs pollueurs- qui paient l’essentiel des taxes de dépollution ».
L’association profite donc du Salon de l’agriculture pour réclamer des soutiens financiers accrus aux « agricultures utilisant une faible quantité d’intrants ».
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