Les pays au plus haut taux de consommation de chocolat compteraient plus de prix Nobel. La raison selon le Dr Messerli, le cacao augmenterait les facultés cognitives grâce aux molécules qu’il contient. Exit la théobromine, la caféine ou les substances proches du cannabinoïde et place aux flavonoïdes, de puissants antioxydants. Plus précisément, il est question ici des flavonols, présents en quantité dans le cacao, les mûres, le vin…
Le chercheur souhaitait vérifier l’impact des flavonols sur l’intelligence et dans une plus grande mesure, sur les capacités mentales d’une population. Puis il est parti du principe que l’on ne pouvait pas réellement mesurer les fonctions mentales d’un pays. Mais que par contre, le nombre total de prix Nobel se révélait être un indicateur significatif. L’auteur de l’étude observe ainsi « une corrélation significative surprenante entre la consommation de chocolat per capita* et le nombre de lauréats du Nobel pour dix millions d’habitants dans un total de 23 pays ».
Résultat, les huit pays dont le nombre de prix Nobel est le plus élevé sont établis en Europe occidentale. Excepté les États-Unis qui arrivent en tête avec 228 récompenses on retrouve le Royaume-Uni (77), l’Allemagne (58), la France (34) et la Suède qui se place en 5e position avec 32 prix Nobel. Ce dernier, si l’on se fie à la règle du scientifique aurait dû, au regard de sa consommation de chocolat (12 kg par an), obtenir 14 prix Nobel. Dans le peloton des pays au rapport chocolat/prix Nobel élevé : l’Autriche, la Norvège, l’Irlande ainsi que les Pays-Bas.
Peut-on réellement y voir un lien de cause à effet ? Non probablement, l’étude montre peut-être simplement que les pays dont les capacités financières sont suffisantes pour acheter du chocolat le sont également pour assurer la recherche et obtenir des Nobel. Il ne s’agit là que d’une corrélation. Et lorsqu’on en cherche, on en trouve. Du type, les voitures rouges ont d’avantages d’accidents. Enfin, ces conclusions sont tirées de moyennes de consommation des pays. Elles ne sont donc pas nécessairement révélatrices des habitudes chocolatières des lauréats du Nobel.
Depuis, James Winters et Sean Roberts, deux jeunes chercheurs britanniques amusés par cette étude, ont répondu au Dr Messerli par une nouvelle corrélation avec le chocolat. Ces deux spécialistes de la science cognitive et de la science du langage ont repris le cheminement de pensée de Franz Messerli dans le but de prouver qu’il existe cette fois-ci un rapport entre la consommation de chocolat et le nombre de tueurs en série. Preuve s’il en est que la méthodologie et les conclusions apportées par l’étude du Dr Messerli sont discutables.
*Per capita : expression latine signifiant « par tête ».
Par Sébastien Tribot, journaliste scientifique