« Le concept de réchauffement climatique a été créé par et pour les Chinois afin de rendre les usines américaines non-concurrentielles ». Ce sont par ces mots que Donald Trump abordait la question environnementale en 2012. Quatre ans plus tard, presque ou rien n’a changé.
Priorité aux fossiles
Donald Trump a déjà annoncé à maintes reprises que s’il était élu Président, il mettrait fin aux diverses réglementations visant à contraindre industriels et consommateurs en général à adopter des mesures d’efficacité énergétique. Les avantages fiscaux attribués aux énergies renouvelables seraient quant à eux revus. Donald Trump est très proche du lobby pétrolier et considère les énergies fossiles comme une source de richesse et d’emplois aux Etats-Unis. A l’inverse, les énergies renouvelables seraient non concurrentielles et enrichiraient les constructeurs étrangers (notamment chinois).
Autre cible de Donald Trump : les agences fédérales de régulation, à commencer par la fameuse Environmental Protection Agency, considérée par ce dernier comme un frein au développement du tissu économique. Il a promis à ses électeurs de couper nettement leur budget pour réduire leur capacité de nuisance.
Marge réduite
Interrogé sur la COP21, Trump a logiquement montré son désaccord et a annoncé qu’il renégocierait le texte une fois élu. Une affirmation qui pose la question de la capacité d’action de potentiel prochain Président américain. Pour beaucoup, cette menace de renégociation est irréaliste. On ne revient pas sur des traités internationaux de cette envergure. En revanche, le pays pourrait montrer la plus mauvaise volonté du monde à atteindre ses objectifs puisque l’accord n’est pas véritablement contraignant.
Sur le plan intérieur, ses marges de manœuvres seront plus grandes, notamment grâce à la fiscalité. Le charbon, première victime de la transition énergétique américaine, tient une place importante dans ses discours sur la destruction des emplois locaux. Trump a ainsi suggéré qu’il pourrait modifier la réglementation sur la pollution de l’air pour remettre les mineurs au travail. Une proposition dont l’impact réel est plus qu’incertain. En effet, l’abondance de gaz de schiste bon marché sur le territoire rend peu crédible le scénario d’un retour en force du charbon, même si celui-ci bénéficiait d’avantages fiscaux. Les énergies renouvelables (éolien et solaire en tête) sont quant à elles à la porte de la parité réseau.
Déni
Pour se faire une idée de l’intérêt que porte Donald Trump à l’environnement, il suffit de regarder son programme sur son site internet. Pas un mot. Il faut dire que le changement climatique n’est pas vraiment un thème porteur de l’électorat républicain. Ou du moins ne l’était pas. La jeune garde républicaine est moins dogmatique que ses aînés sur cette question et peut-être moins liée au lobby pétrolier. Selon un récent sondage de Yale/George Mason, 56% des américains votant Trump admettaient le changement climatique. Une tendance qui pourrait coûter des voix au candidat républicain s’il persistait dans sa stratégie de déni. En effet, bien que l’environnement ne soit certainement pas le thème majeur de la campagne qui s’annonce (l’économie, le terrorisme et l’immigration devraient monopoliser les débats), il pourrait faire perdre des points précieux au milliardaire. Son adversaire démocrate, Hillary Clinton ne manquera pas de s’appuyer sur ses positions très conservatrices pour montrer qu’il est hors de la réalité, notamment scientifique.
Romain Chicheportiche
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