Le futur locataire de la Maison Blanche veut mettre fin à l’immigration illégale, mais aussi réduire le nombre de visas H-1B délivrés aux immigrants « qualifiés ou spécialisés » qui veulent travailler aux Etats-Unis. Une perspective inquiétante pour les grandes entreprises du web qui cherchent à attirer les ingénieurs et développeurs du monde entier.
Les géants du web sont aussi directement dans le collimateur de Donald Trump, en particulier Apple et Amazon. Le futur président appelait au boycott des produits d’Apple lorsque la société refusait d’aider le FBI à casser le chiffrement de l’iPhone d’un des auteurs de la tuerie de San Bernardino. Il plaide donc pour une plus grande collaboration entre les géants du web et les forces de sécurité en cas de besoin. Lors de ses meetings, Donald Trump a régulièrement interpelé Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon. Il l’accuse d’avoir racheté le Washington Post dans l’unique but de peser sur la politique américaine et de payer moins d’impôts.
Trump veut également forcer Apple et consorts à relocaliser la production de leurs produits aux Etats-Unis. Pour y parvenir, il compte revoir les accords de libre échange passés avec les pays d’Asie et d’Amérique centrale. Trump compte ainsi se retirer du traité Transpacifique de libre-échange, signé le 4 février 2016, mais pas encore ratifié par les Etats-Unis. Cela permettra d’éviter les importatations incontrôlées de nombreux pays : l’Australie, le Chili, le Japon, la Malaisie, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour, le Viêt-Nam et le Brunei. Il veut par ailleurs renégocier l’Accord de libre-échange nord-américain avec le Canada et le Mexique. En cas de désaccord, il menace tout simplement de l’abolir également. Dans cette perspective, les négociations sur le traité de libre échange Transatlantique (TAFTA) devraient rester en suspens.
En parallèle, Trump veut augmenter les taxes sur les produits importés, électroniques et chinois en particulier. Il estime que ces dispositions pourraient rapatrier des millions d’emplois dans le pays. Mais la révision des accords de libre-échange entre les États-Unis et d’autres pays, risque aussi probablement de faire chuter leurs ventes à l’étranger.
Plus globalement, Trump estime que les géants du web ne sont pas les moteurs de la croissance de demain. Digne de sa casquette de conservateur, il mise plutôt sur la relance de l’extraction des combustibles fossiles et des industries traditionnelles pour « restaurer la grandeur de l’Amérique ».
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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