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Trump et l’énergie : vers un retour en grâce du fossile

Posté le par Arnaud Moign dans Énergie

Connu pour ses positions anti-climat et pro-énergies fossiles, Trump n’a pas attendu longtemps avant d’annoncer un revirement total en matière de politique énergétique. Si le retour en grâce officiel du fossile doit être bien perçu par les groupes pétroliers et gaziers américains, cette volonté va totalement à l’encontre des initiatives climatiques mondiales.

La première mesure de Trump en faveur des énergies fossiles a été de sortir de l’accord de Paris. C’est tout à fait logique, puisque cet accord engageait les États-Unis à réduire leurs émissions de CO2, donc à moins soutenir le fossile, pour mieux financer le renouvelable.

Le fait que le milliardaire annonce le retrait des États-Unis de l’accord de Paris le jour même de son investiture n’a donc surpris personne, puisque le pays s’était déjà retiré en 2020, suite à une annonce fracassante de Trump en juin 2017.

Si l’indignation est toujours présente, cette fois-ci, Trump n’a pas bénéficié du même effet de surprise et l’opposition à cette décision irresponsable est plus coordonnée. On peut citer, par exemple, la déclaration du C40, le réseau mondial des principales villes du monde, unies dans l’action pour faire face à la crise climatique, vent debout contre « cet acte de vandalisme climatique ».

Trump annonce la sortie de l’Accord de Paris : à quoi faut-il s’attendre ?

Quelles seront les conséquences de ce retrait des États-Unis de l’Accord de Paris ? Il y en a au moins quatre :

  • Perte de leadership climatique – Sans la participation des États-Unis, le leadership climatique mondial pourrait faiblir. La Chine et l’Union européenne devront intensifier leurs efforts pour combler ce vide.
  • Risque d’effet domino – D’autres pays pourraient vouloir suivre l’exemple des États-Unis et se retirer également de l’accord, ce qui affaiblirait encore davantage les efforts internationaux.
  • Problèmes de financement de l’action climatique – Les milliards de dollars promis pour aider les pays en développement à faire face aux impacts du changement climatique devront être trouvés ailleurs, mais où ?
  • Conséquences économiques indirectes – Avec la sortie des accords de Paris, c’est toute la politique climatique américaine qui revient en arrière. Le secteur des énergies renouvelables pourrait alors se retrouver en difficulté, au bénéfice des énergies fossiles.

Trump veut doper la production de pétrole et de gaz

Donald Trump n’est pas toujours cohérent dans ses idées, mais il l’est malheureusement sur ce qui touche aux énergies fossiles et à leur impact sur le climat. Car le milliardaire est plus qu’un climatosceptique : il est le chef de file d’un courant de négationnisme climatique total et assumé.

La politique énergétique de Trump se résume donc en un slogan : « Drill, baby, drill ». En clair, Donald Trump veut relancer au maximum l’exploration pétrolière et gazière dans le pays (y compris en Arctique).

Or, d’après une étude de Carbon Brief, cette politique de nouveaux forages pourrait s’avérer catastrophique pour le climat en ajoutant 4 milliards de tonnes de CO2 supplémentaires aux émissions américaines d’ici 2030.

Pour se faire une idée de la catastrophe, cela équivaut à la somme des émissions annuelles de l’Union européenne et du Japon…

Un rejet de l’éolien

Trump n’aime pas les éoliennes, qu’il accuse de tous les maux. Selon lui, en plus d’être un désastre économique, elles (les éoliennes offshore) « rendent les baleines folles », ce qui n’a jamais été prouvé. Mais comme toujours, le milliardaire fonde son avis sur des semi-vérités, des raccourcis, voire des fake news.

La politique de Trump devrait néanmoins avoir un effet limité sur le secteur éolien terrestre, puisque les parcs éoliens ne nécessitent pas tous une autorisation fédérale.

Pour l’éolien offshore, en revanche, c’est la douche froide, car un décret visant à stopper les activités éoliennes offshore le long de la côte a été signé le jour même de l’investiture. Cette décision est d’autant plus paradoxale, que sept des parcs concernés ont été approuvés par la première administration Trump !

Un désintérêt général pour le renouvelable, solaire inclus

À part l’éolien, qu’il déteste, Trump n’a pas d’avis tranché sur les énergies renouvelables, mais il veut à tout prix préserver la dominance des énergies fossiles.

L’énergie solaire n’est, pour le moment, pas dans son viseur et poursuit sa croissance(1), néanmoins des doutes planent concernant l’avenir du secteur. La suspension des dépenses prévues dans le cadre de la loi sur la réduction de l’inflation (IRA) aura forcément des conséquences, puisque cette loi prévoyait des incitations financières pour toutes sortes de projets : solaire, éolien, hydrogène, nucléaire, véhicules électriques.

Et le nucléaire dans tout ça ?

Trump voit le nucléaire comme une alternative plus propre aux énergies fossiles, mais surtout un outil stratégique pour renforcer la domination énergétique des États-Unis. Il a donc une opinion favorable envers l’atome.

L’administration Trump 1 avait ainsi soutenu la recherche et le développement en matière de nouvelles technologies nucléaires, notamment les SMR. En effet, à l’époque, plusieurs lois avaient été adoptées pour faciliter le transfert de technologie, partager les coûts d’homologation et renforcer les effectifs du GAIN (Passerelle pour l’accélération de l’innovation nucléaire).

Il est donc probable que ce soutien perdure, car le nucléaire demeure un moyen de renforcer la sécurité énergétique des États-Unis.


(1) Le solaire représente plus de 64 % de la nouvelle capacité ajoutée au réseau au cours des trois premiers trimestres de 2024

Pour aller plus loin

Posté le par Arnaud Moign


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