Durant la campagne électorale américaine, Donald Trump n’a pas caché sa défiance envers l’Accord de Paris entré en vigueur le 4 novembre. Il n’a pas hésité à qualifier le réchauffement climatique de « canular ». Prochainement à la tête d’un pays émettant 17,9% des gaz à effet de serre de la planète, Donald Trump a affiché son intention d’annuler cet accord. Car pour lui, « cet accord donne à des bureaucrates étrangers le contrôle sur la façon et la quantité d’énergie que nous pouvons consommer dans notre pays » et sa mise en oeuvre tuerait l’emploi et le commerce. Mais cela ne sera pas si facile. « Il ne peut pas, contrairement à ce qu’il a dit, dénoncer l’Accord de Paris » et « il ne peut pas empêcher sa mise en oeuvre », a affirmé Ségolène Royal sur RTL ce mercredi matin.
Dans les faits, bien que la procédure soit longue et compliquée, les Etats-Unis peuvent sortir de l’Accord de Paris. La durée du préavis est de 3 ans et le mandat de Trump sera de 4 ans. S’il veut s’assurer que son pays sorte réellement de l’Accord, il devra donc notifier son intention durant la première année de son mandat. David Levaï, chercheur en coopération internationale sur le climat à l’IDDRI et ancien membre de l’équipe française de négociations chargé du suivi du Gouvernement américain, veut rester optimiste. « Lorsque l’on dit quelque chose en campagne, on ne le concrétise pas forcément. On voit bien que toute l’économie s’est tournée vers les énergies renouvelables. Ce n’est pas dit qu’une administration Trump veuille vraiment remettre ça en cause », analyse-t-il.
Les Etats-Unis et la Chine ont joué un rôle moteur dans l’Accord de Paris en avançant main dans la main. Cette dynamique peut changer, mais suffirait-elle à remettre l’ensemble du processus? « Il va falloir redoubler de combativité pour gagner la bataille contre le climat, prévient la ministre de l’environnement. Il va falloir être extrêmement vigilant et riposter à chaque fois que des tentatives seront faites pour affaiblir cet accord ». « Pendant les négociations de la COP21, l’ambassadeur de France à Washington estimait qu’en cas d’administration Trump, les Etats-Unis seraient sur un strapontin pendant quatre ans dans les négociations, confie David Levaï. Ils se marginaliseraient comme le Canada l’a fait avec le Gouvernement Harper pendant un certain nombre d’années, mais cela n’empêcherait pas le reste du monde de se mettre en ordre de bataille ». La situation est donc complexe, mais la lutte contre le changement climatique devrait continuer, avec les Etats-Unis, de près ou de loin.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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