Donald Trump, nouveau président des Etats-Unis, est climato-sceptique et pro-énergies fossiles. Sa politique énergétique devrait remettre en cause la transition enclenchée, au profit du charbon et des gaz de schistes américains.
Si Trump n’a pas donné de détails concrets sur la politique énergétique qu’il compte mener, ses différentes déclarations durant la campagne donnent des idées sur ses intentions. Il adoptera certainement des politiques visant à augmenter l’extraction et la production des énergies fossiles et à assouplir les normes sur l’industrie. Il compte bien annuler plusieurs réglementations prises par l’administration Obama. Contrairement à son prédécesseur, Trump pourra compter sur le soutien du Congrès, à majorité républicaine, pour ne pas freiner ses réformes.
Priorité aux énergies fossiles
Durant la campagne, Trump a annoncé qu’il dérégulerait le secteur énergétique et assouplirait la réglementation qui pèse sur l’extraction des énergies fossiles aux Etats-Unis. L’objectif : exploiter au maximum les énergies fossiles présentes dans le sous-sol terrestre, mais aussi sous les eaux fédérales, y compris en Arctique. « Trump, largement considéré comme un partisan important de l’industrie du pétrole et du gaz naturel, rejettera probablement toute tentative écologiste de freiner la production nationale de combustibles fossiles », estime le cabinet d’analyses S&P Global Platts. Le futur président américain devrait finalement autoriser TransCanada à construire le pipeline Keystone XL, alors que l’administration Obama l’a rejeté fin 2015, après des années de débat. Ce pipeline reliera le Canada au Golfe du Mexique pour transporter les sables bitumineux de l’Alberta vers les raffineries américaines.
Par ailleurs, Trump annulera probablement les efforts visant à instaurer de nouvelles normes d’émissions de gaz à effet de serre pour les raffineries de pétrole. Il pourrait également affaiblir les normes futures de consommation de carburant pour les voitures et les camions. Malgré tous ses efforts futurs pour faire rebondir la demande en pétrole, la transition est néanmoins en marche. « Les gains d’efficacité déjà en place dans le parc automobile américain devraient déjà réduire la demande d’essence de 500 000 barils par jour d’ici 2020 », tempère S&P Global Platts.
Dans son objectif de stimuler la demande de combustibles fossiles à court-terme, Trump pourrait aussi mettre fin aux aides qui accompagnent le développement des énergies renouvelables. « Par exemple, une réduction du crédit d’impôt à l’investissement à 10%, contre 30% actuellement, réduirait la demande d’installation solaire de 60% », estime S&P Global Platts.
Revenir sur la politique d’Obama
Trump a promis de démanteler, ou du moins réduire très fortement le pouvoir de l’Agence de protection de l’environnement (EPA) qui, selon lui, crée « des normes à tout-va » et freine l’économie. Il devrait, par exemple, abandonner ou au moins affaiblir les efforts de l’EPA pour réglementer les émissions de méthane provenant des activités pétrolières et gazières. Il compte aussi annuler les règlements de l’administration Obama qui visent à freiner la pollution de l’industrie du charbon.
Trump aura le pouvoir de nommer entre un et trois juges à la Cour suprême pour influencer les décisions concernant les règlements environnementaux, si le Sénat approuve ces nominations. « Cela pourrait façonner l’équilibre idéologique de la cour pendant des décennies », prévient S&P Global Platts, car ces juges sont nommés à vie. Trump affectera aussi des postes clés à la tête de l’EPA, du Département de l’Energie et d’autres agences qui prennent des décisions touchant l’énergie.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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