Cela fait un peu plus d’un siècle que l’homme s’est rendu compte que le traitement des déchets est une activité à part entière. Aujourd’hui, les cadences de production industrielles, entre autre, ont rendu nécessaire une meilleure gestion des déchets. Explications.
Le traitement des déchets est devenu depuis des années une activité à part entière. Le déchet, qui garde une connotation très négative, est au fur et à mesure de l’industrialisation croissante devenu un objet de science. Les scientifiques ont pris conscience de l’existence de cycles dans la nature (carbone, azote), et donc de la place des déchets dans ces cycles.
A partir de là, le déchet ne devient plus l’élément final, mais une partie du cycle de vie de la matière. Les cycles naturels sont dynamiques, et trois acteurs assurent leur fonctionnement : les producteurs, les consommateurs et les décomposeurs. Aujourd’hui, la nature n’est pas en équilibre quand ces trois acteurs ne sont pas en état de remplir leur fonction correctement.
Cependant, la nature a un avantage par rapport à l’homme. Dans la nature, les tâches des trois acteurs sont d’importance égale. Un bon exemple est la disparition des vers de terre en Bretagne, qui rend plus longue et moins efficace la dégradation du fumier.
800 millions de tonnes de déchets en France en 2004
La révolution industrielle, qui a engendré l’augmentation de la consommation énergétique dans les pays industrialisés, avec le charbon, le pétrole, puis le gaz (on pourrait y ajouter l’uranium aujourd’hui), a également été le point de départ d’une augmentation drastique de la production de déchets, notamment d’origines industrielle, puis urbaine : les déchets ménagers.
Par la suite, la chimie de synthèse, utilisant massivement le pétrole, a ensuite permis de produire des produits plastiques, des tissus, des médicaments, des vernis… le monde des matériaux a alors complètement explosé. Assez rapidement, s’est posé le premier grand problème : que faire des tous les déchets inhérents à l’explosion de la production industrielle ?
Après avoir remarqué que les déchets n’étaient pas tous biodégradables, l’homme a pris conscience du risque biologique engendré par l’accumulation des déchets. Aujourd’hui, ce risque biologique a évolué, et on parle plus de risque chimique. Ces deux réalités sont très différentes
En effet, la société de consommation, avec l’explosion de la production, a terminé de faire des déchets une problématique à prendre sérieusement en compte. Les déchets sont depuis un élément de science, objet de nombreuses recherches et au centre de beaucoup de projets de grande envergure.
Le déchet : un champ d’investigation large pour les scientifiques
Les déchets ne sont pas une science, mais toutes les sciences sont nécessaires pour avoir une idée pertinente sur la marche à suivre quant au traitement des déchets. Les déchets sont un carrefour des sciences quelles qu’elles soient.
Ainsi, aujourd’hui, aucun scientifique n’est capable d’établir une liste précise des molécules qui constituent les déchets ménagers usuels qui se trouvent dans nos poubelles. Le champ d’investigation est donc large pour les scientifiques.
A un niveau français, la situation n’est pas meilleure qu’ailleurs. Loin s’en faut. La France n’est pas très douée pour mettre en place la pluridisciplinarité, notamment en termes de déchets. C’est pourtant de cela dont il s’agit, si on veut trouver des solutions efficaces. Ce n’est pour l’instant pas le cas en France. Mais il ne faut pas pour autant faire de la France un mauvais élève. Le problème est mondial (comme l’atteste bien le démantèlement du Clémenceau par exemple).
En termes de chimie, le déchet est très difficilement définissable. Ce que l’on sait, c’est que son accumulation pose problème.
Zéro déchet, une utopie
Une question à la mode depuis quelques années est de savoir s’il est possible de vivre avec zéro déchet. La réponse est non. Pour quatre raison fondamentales, le déchet est inévitable :
- C’est une fatalité biologique ;
- C’est une fatalité chimique (réaction chimique) ;
- C’est une fatalité technologique (travail de la matière) ;
- C’est une fatalité environnementale (plus on veut faire du propre plus on fait du sale).
Il est important de revenir sur cette quatrième raison. La recherche frénétique du propre conduit à l’accroissement du déchet (prendre plusieurs douches par jour par exemple). La volonté d’avoir des produits purs augmente la production de déchets. Zero déchet est donc bien une utopie. Et pour cause. L’ADEME estime (tableau ci-dessous) que la France a produit en 2004 plus de 800 millions de tonens de déchets, répartis comme suit :
Type de déchet | Quantité (en millions de tonnes) | Estimation (en %) |
Déchets ménagers | 34 | 4 |
Déchets industriels | 93 | 11 |
Déchets BTP | 340 | 40 |
Déchets agricoles | 365 | 43 |
Ces chiffres fluctuent d’un inventaire à l’autre car ils constituent des sommes de sous-catégories qui ne sont pas toujours aisées à comptabiliser. C’est le cas par exemple du BTP ou les chiffres varient de 130 à 340 millions de tonnes selon les estimations. De plus, pour chaque catégorie, les dangerosités et les possibilités de traitement sont très variables. On ne peut pas comparer les déchets agricoles presque tous biodégradables et les déchets des travaux publics presque tous minéraux et inertes. En fait, le plus surprenant est peut-être l’importance médiatique donnée aux déchets ménagers au regard de leur tonnage relatif.
On assiste à une délocalisation des déchets
Aussi, on assiste à une migrations des déchets, qui rend encore plus compliquée la tâche de les traiter efficacement. Par exemple, le déchet industriel n’est aujourd’hui pas forcément dans les usines, il est dans nos poubelles. L’augmentation des services à domicile a créé une augmentation et surtout une diversification des déchets ménagers présents dans nos poubelles. L’augmentation des soins médicaux à domicile est un bon exemple de transfert de déchets.
Mais les déchets ménagers ne sont pas le seul problème. Beaucoup de transferts se font d’un secteur sur l’autre. Les déchets nucléaires et leur traitement sont aussi un problème. Mais les termes de ce problème ne sont pas les mêmes que pour les autres types de déchets, autant en termes d’approche qu’en termes d’action.
Ainsi, les déchets, de toutes sortes, ont vu leur production augmenter drastiquement au cours du siècle dernier. Leur traitement n’est plus seulement un inconvénient mais une activité à part entière.
Par Pierre Thouverez
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