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Avant même d’avoir acquis la faculté d’écrire, il est très probable que l’homme avait commencé à tracer, ne serait-ce que son chemin, tel le Petit Poucet en semant des cailloux, ou encore en relatant les scènes de chasse de son groupe et celles de la vie de tous les jours, par des peintures rupestres sur les parois des grottes. L’action de tracer est-elle une faculté innée ou acquise ? La réponse n’est probablement ni simple, ni binaire. De façon naturelle, cette acquisition peut résulter des habitudes de la chasse ou du suivi des traces d’animaux permettant aux chasseurs de reconnaître et de traquer leurs proies… Peu importe d’ailleurs le processus d’acquisition, le point essentiel est que la société humaine est confrontée à un double problème :
- celui de tracer l’activité propre des siens dans un but de saine gestion, ou pour s’y retrouver, ou encore pour témoigner auprès des générations futures ;
- celui de tracer – dans le sens de « traquer », ou marquer – son environnement afin d’assurer sa subsistance.
Les deux approches étaient, et sont encore, nécessaires à la survie de l’espèce humaine. Et les choses n’ont guère changé sur le fond, entre les notions de traçabilité archaïques et celles qui font partie de nos préoccupations actuelles, si on excepte la complexification des flux et le nombre considérable d’acteurs intervenants dans les transactions qui sont venues brouiller les pistes, aux sens figuré et littéral du terme.
Aujourd’hui, la traçabilité des produits industriels et agricoles est devenue un enjeu majeur sur le plan de l’économie, de la santé, de l’écologie. Et cette situation est amplifiée dans le domaine informatique, aussi bien en ce qui concerne la traçabilité au sein du fonctionnement du système d’information (SI) lui-même qu’en ce qui est relatif aux effets gérés par l’informatique.
Tant que le management des produits agricoles, industriels et commerciaux supposait systématiquement des entrées-sorties papiers avant et après traitement de gestion ou de calcul, la traçabilité restait matérialisée. Ce n’est plus le cas depuis un bon quart de siècle ! En effet, nous constatons :
- une dématérialisation croissante des échanges qui se font de façon numérique, par les « échanges de données par l’informatique » (EDI) par exemple ;
- la généralisation toujours plus large des paiements par transactions électroniques ;
- la reconnaissance du fait que les courriels font foi dans les relations entre entreprises.
Si, sur le plan technologique, les outils ont considérablement évolué, sur le plan des habitudes acquises par les professionnels des systèmes d’information, de vastes lacunes restent à combler. Ainsi, dans nombre de projets informatiques, le volet « traçabilité » demeure, encore en ce début de deuxième décennie du XXIe siècle, au mieux, une pièce rapportée a posteriori, et au pire, un pan de sous-projet complètement oublié car souffrant d’une spécification a minima, tantôt dans le cahier des charges techniques, tantôt dans les spécifications fonctionnelles. En effet, dans de nombreux dossiers, le besoin de traçabilité se borne à l’unique phrase de douze mots : « Le système sera en mesure d’assurer la traçabilité de son fonctionnement ». Les conséquences peuvent être alors très fâcheuses, d’autant que de telles pratiques impliquent :
- des dépenses non budgétées, donc considérées comme surcoûts ;
- des efforts pour implémenter un système de traçage qui sera peu ou mal intégré à l’ensemble des applications ;
- par contre-réaction, une exagération des exigences de traçabilité élaborées bien après la conception du système, et, le plus souvent, dans un contexte de crise ou de pré-crise, avec, de surcroît, une grande pression sur les délais ;
- une détérioration de la performance du SI.
Nous décrirons dans ce fascicule une approche de la traçabilité nativement prise en compte au niveau des dimensions des projets de conception des systèmes d’information, qu’ils s’adressent à des progiciels de gestion intégrée (PGI) que nous désignerons ci-après par l’acronyme anglais ERP (Enterprise Resource Planning), ou qu’ils concernent des applications unitaires.
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