A l'occasion de la semaine de l'industrie 2016, le Think Tank, la Fabrique de l'Industrie, publie une synthèse des ambitions et politiques déployées ailleurs dans le monde pour mettre sur les rails les « usines du futur ». Rapide panorama de l'Allemagne à la Chine.
C’est sans conteste l’Allemagne qui a lancé le concept d’Usine du futur, ou Industrie 4.0. Son plan national voit le jour dès 2011 et nombre de pays s’en sont ensuite inspirés. En adaptant à la culture socio-économique locale et au niveau de développement de leur industrie, les trois piliers de l’industrie du futur :
- développement d’une offre technologique liée à l’industrie (centre de recherche, mise en réseaux des acteurs, normalisation),
- modernisation des outils (soutien à la robotisation, accompagnement de la transition numérique)
- et formation (réflexion prospective, cursus spécifiques).
L’Allemagne veut préserver ses points forts
Comme le souligne la synthèse de la Fabrique de l’Industrie, le gouvernement allemand s’est placé « dans un rôle de facilitateur plutôt que de stratège ». Ce sont donc les différentes parties prenantes du monde académique et économique qui ont définit les grandes lignes du plan « Industries 4.0 ». Objectif : préserver l’avance de l’Allemagne en matière de robotique industrielle, d’automatisation, de mise en réseau en s’appuyant sur le savoir-faire du pays : la production de machines et d’équipements industriels haut de gamme.
Corée du Sud : des ambitions chiffrées
Faire passer le nombre d’usines « intelligentes » de 500 à 10 000 d’ici 2020, accompagner 100 000 PME dans leur transformation numérique… Le « Manufacturing Industry Innovation 3.0 Strategy » coréen est précis et ambitieux. La Corée du Sud ne voudrait pas se faire doubler par la Chine et entend bien diffuser son savoir-faire à tout son tissu industriel. Il faut dire qu’elle a des atouts : le meilleur taux de robotisation du monde (437 robots pour 10 000 employés – contre 323 au Japon ou 282 en Allemagne), des leaders du numérique tels que Samsung et LG, et un très bon niveau de qualification de la main d’oeuvre. Elle met le paquet sur la recherche, notamment vers l’internet de objets et le big data.
Chine : le pays où tout est possible
A peine un an que la Chine a officialisé son entrée en lice dans la course à l’usine du futur avec le plan « Made in China 2025 », lancé en juin 2015. Objectif à long terme : faire du pays le leader de l’industrie mondiale. Première étape : moderniser et robotiser pour « améliorer la compétitivité sur des activités plus haut de gamme ; contourner le problème de la hausse des salaires des ouvriers chinois ; répondre au futur déficit de main-d’oeuvre » explique Thibaud Bidert-Mayer, l’auteur de la synthèse. Un investissement massif pour, par exemple, fabriquer elle-même les robots dont elle a besoin et inventer ses propres standards de communication inter-machines. Reste que le secteur public, toujours à la manœuvre, et le contrôle d’internet induisent une rigidité assez peu propice à l’essor d’une industrie numérique et réactive.
Nouveau Monde et Vieille Europe : renaissance ?
Leur point commun : leur industrie a décliné ses dernières décennies.
Leurs solutions principales : soutenir l’investissement pour l’Europe continentale, promouvoir et structurer la recherche pour les anglo-saxons et favoriser l’interface recherche/industrie (National Network for manufacturing innovation – USA ; plan Catapult – GB).
L’auteur de l’étude note aussi que l’adaptation des compétences reste la plupart du temps le pilier le plus faible des plans nationaux. A l’exception notable du Royaume-Uni et dans une moindre mesure des Etats-Unis, qui, s’appuyant sur un développement par la recherche académique réfléchissent à des cursus et des dispositifs de formation adaptés.
Sophie Hoguin
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