« Les progrès technologiques sur l’efficacité énergétique n’ont jamais conduit à compenser l’augmentation des usages, partage The Shift Project dans sa nouvelle étude « Impact environnemental du numérique : Tendances à 5 ans et gouvernance de la 5G ». Le constat est donc indéniable : l’impact du numérique ne fera qu’augmenter si nous ne nous donnons pas les moyens de le piloter ». Les nouveaux résultats confirment les tendances identifiées en 2018. Le numérique représentait 3,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2019. Cette part pourrait doubler d’ici 2025.
L’impact carbone du numérique s’intensifie
The Shift Project a élaboré quatre scénarios prospectifs de développement à l’horizon 2025. La croissance de l’impact carbone du numérique reste préoccupante : les émissions ont augmenté de +6 % par an entre 2013 et 2019, incompatible avec la trajectoire 2°C. « Ce taux de croissance va être fortement impacté par la façon dont nous allons décider de nous servir du numérique à partir de 2021 ou 2022, prévient Hugues Ferreboeuf, chef de projet numérique à The Shift Project. Ce taux de croissance peut soit s’accélérer jusqu’à +12 % dans le scénario extrême, mais pas si extrême que ça, ou diminuer si l’on met en place un scénario de sobriété numérique. »
La tendance est similaire si l’on inspecte l’impact du numérique sous le prisme de l’énergie finale ou de la consommation d’électricité. « Si nous continuons sur la même pente, entre 2019 et 2030, nous pourrions avoir un doublement de la consommation d’énergie du numérique, c’est la magie des exponentielles, ajoute l’expert. L’électricité est liée à la phase d’usage des équipements et des services qu’ils permettent. Là aussi, on observe une hausse. »
Considérer les usages mobiles pour maîtriser l’impact du numérique
La multiplication des usages mobiles constitue une tendance jugée comme « insoutenable ». « Avec une augmentation moyenne de 34 % par an sur la période 2013-2019, la consommation électrique associée à nos usages mobiles dans le monde représente aujourd’hui 1,5 fois celle de nos usages fixes », détaille The Shift Project. Ce sont bien ces nouveaux usages qui motivent aujourd’hui le déploiement de la 5G. « Pour sortir de cette impasse, il n’y a qu’une seule solution : la sobriété, affirme Hugues Ferreboeuf. C’est une reprise de contrôle de nos usages en les priorisant et en essayant d’utiliser le moins possible nos ressources. »
Comme l’a montré récemment le Haut Conseil pour le Climat, l’impact carbone de la 5G pourrait ajouter en France entre 2,7 et 6,7 millions de tonnes de CO2 en 2030. La majeure partie proviendrait des émissions importées, le reste de l’augmentation de l’utilisation de l’électricité. L’organisme invitait à agir en amont du déploiement pour respecter les trajectoires climatiques.
La 5G : identifier le « pourquoi » et le « comment » du déploiement
Face à la contestation du déploiement de la 5G en 2020, The Shift Project propose la construction d’une nouvelle gouvernance du numérique, française puis européenne. Elle associerait les pouvoirs publics, les régulateurs, notamment l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep), les opérateurs et les acteurs économiques, ainsi que la société civile.
Au niveau national, il s’agirait de définir les objectifs de décarbonation et d’harmoniser les outils d’évaluation et de suivis quantitatifs. Cette gouvernance se déclinerait au niveau des territoires en donnant aux élus les moyens d’organiser la concertation de la société civile. Ils auraient alors pour mission de déterminer les usages prioritaires et leurs modalités de déploiement.
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