Plusieurs recherches s'intéressent à l'utilisation d'e-textiles pour des utilisations en santé. Ils suivent ou traitent des maladies, enregistrent des paramètres médicaux. Tour d'horizon.
Guillaume Tartare est chercheur au Laboratoire de recherche GEMTEX à l’école d’ingénieurs textile de Roubaix ( ENSAIT). Son équipe travaille sur de nombreux projets de textiles intelligents. Grâce à des capteurs accéléromètres, ils obtiennent le rythme cardiaque et le cycle respiratoire du porteur. Ces vêtements connectés peuvent par exemple être utilisés par des pompiers en intervention.
« Trois capteurs sont placés précisément sur le textile pour avoir une pression constante sur la peau », explique Guillaume Tartare. Après transformation du signal, il est possible de voir si le rythme cardiaque est trop élevé ou si le porteur est en hyperventilation.« Il y a toujours une variation du rythme cardiaque entre chaque battement du cœur. En faisant de l’analyse de la variabilité cardiaque, il est possible d’aller beaucoup plus loin dans la prise d’informations sur la situation du pompier et déterminer le niveau de fatigue, de stress et du niveau d’attention », complète-t-il.
Le laboratoire GEMTEX travaille également sur une ceinture ventrale pour femmes enceintes, qui détecte les mouvements fœtaux. Des bonnets permettent aussi de faire l’électro-encéphalogramme pour détecter le risque de crise d’épilepsie par exemple. D’autres applications concernent le monitoring des personnes âgées, des sportifs et des personnes atteintes de diverses maladies. « Nous sommes au dernier stade avant commercialisation sur certains produits, notamment les textiles qui traitent l’adénocarcinome, un cancer de la peau, traité par photothérapie », estime Guillaume Tartare.
Coupler les textiles intelligents avec les objets connectés
Mehdi Ammi, enseignant-chercheur au Laboratoire d’Informatique pour la Mécanique et les Sciences de l’Ingénieur (LIMSI-CNRS) de l’Université Paris-Saclay travaille également sur ces questions. « Notre objectif dans le cadre du projet Text Sensor, financé par l’IDEX Paris-Saclay, est de développer des technologies pour le monitoring de personnes à l’extérieur des infrastructures de santé, par exemple à domicile ou dans la vie de tous les jours », explique-t-il.
Le projet vise à analyser l’activité motrice de patients, notamment pour calculer le risque de récidive de personnes qui ont déjà subi un premier AVC. Pour ce faire, il s’appuie sur un ensemble d’objets connectés : un verre qui mesure l’activité motrice de la main, une balance qui détermine l’équilibre de la personne et un bracelet qui calcule la quantité d’activité. Avec son collègue Frank Bimbard, Mehdi Ammi a développé un vêtement connecté doté de fibres fonctionnelles qui mesurent directement les débattements articulaires. Il permet ainsi d’analyser l’activité de la partie supérieure du corps, déterminer la quantité de mouvement de chaque partie et déceler une faiblesse motrice. « Le capteur, c’est la fibre, simplifie Mehdi Ammi. À partir de toutes ces informations issues de différents objets, nous calculons le risque de récidive de la personne et améliorons le diagnostic. »
Le projet est encore au stade expérimental, mais des prototypes fonctionnels sont déjà en cours d’utilisation. Le défi est désormais d’avoir des mesures et des traitements robustes. « Ce vêtement pourra aussi être utilisé par des patients atteints de diabète, par les sportifs ou pour le monitoring de personnes âgées », prévient le chercheur.
Des applications déjà commercialisées
Côté sport, plusieurs start-ups se lancent dans l’analyse de la variabilité cardiaque pour suivre les risques vasculaires. « Plusieurs entreprises se lancent dans le secteur sportif plutôt que le médical car les contraintes en termes de normes y sont beaucoup simples », fait savoir Guillaume Tartare.
Toutefois, quelques textiles connectés sont déjà commercialisés en santé. Ainsi, Neomedlihht est une société lyonnaise qui fabrique des textiles lumineux pour guérir les nourrissons de la jaunisse. Pour sa part, @-Health crée un service de monitoring des personnes qui ont un problème cardiaque.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
Réagissez à cet article
Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous et retrouvez plus tard tous vos commentaires dans votre espace personnel.
Inscrivez-vous !
Vous n'avez pas encore de compte ?
CRÉER UN COMPTE