Le megaprojet EuropaCity est emblématique du combat contre l’artificialisation des terres agricoles. La fronde monte ces derniers jours contre ce projet de complexe voulant mêler commerces, loisirs et équipements culturels en 2024. Sur ce dossier, 80 hectares de terres agricoles sont menacées à Gonesse (Val-d’Oise). Mais les terres du triangle de Gonesse sont loin d’être les seules menacées par l’artificialisation.
Les sols agricoles sont la plupart du temps achetées dans le but d’y maintenir une exploitation agricole. Mais ils peuvent aussi être acquis pour être urbanisés. Les promoteurs immobiliers y construisent alors des logements, des zones commerciales, des routes et autres infrastructures… La FNSafer suit l’évolution de ces marchés fonciers ruraux.
Une artificialisation des terres qui repart à la hausse
Si le marché de l’artificialisation des sols a été divisé par 2 entre 2007 et 2014, la FNSafer s’alarme. Depuis 2015, il repart à la hausse. Pour l’année 2016, la fédération relève même une hausse de 22% du nombre de transactions, contre une faible reprise de 3,8 % en 2015 . En termes d’hectares, la hausse est de 20,2%. Le marché atteint 4,6 milliards d’euros.
L’artificialisation est particulièrement poussée par l’extension des grands pôles urbains, portée par la reprise économique. Ce sont ainsi 28.000 hectares de foncier agricole qui ont été cédés au marché de l’urbanisation en 2016. Au total, la FNSafer estime même que les surfaces urbanisées représentent entre 50 000 et 60 000 hectares par an. Un chiffre similaire à celui observé au début des années 2000.
Réagir pour protéger la production agricole
« Les politiques de préservation des espaces naturels et agricoles sont inefficaces pour contenir l’extension urbaine qui repart à la hausse », regrette la FNSafer. La Fédération appelle à protéger les sols agricoles, notamment ceux qui présentent le meilleur potentiel. «Cette protection est indispensable pour s’adapter au réchauffement climatique et réduire le déficit européen de terres agricoles – l’Europe importe déjà l’équivalent de 20 % de sa surface agricole », rappelle-t-elle.
Selon le ministère de l’agriculture et de l’alimentation, la surface agricole utile (SAU) française représentait environ 28 millions d’hectares en 2010. Entre 1960 et 2010, 2,5 millions d’hectares ont déjà été remplacés par le béton. Si la relance se poursuit, une quantité similaires de terres agricoles pourrait disparaitre d’ici 2060. Soit près de 9 % de la SAU française. En un siècle, la France pourrait ainsi perdre près d’un cinquième de ses terres occupées par des activités agricoles.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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