L’industrie des télécommunications et Internet pourraient utiliser 20 % de toute l’électricité du monde d’ici 2025. En cause, l’explosion du nombre de datacenters, de smartphones et d’appareils connectés.
On ne s’en aperçoit pas, mais nos appareils du quotidien (téléphone, tablette, TV, caméra de vidéosurveillance…) sont des gloutons. Selon le rapport Clicking Clean publié en janvier 2017 par Greenpeace, le secteur informatique représente environ 7 % de la consommation mondiale d’électricité. Si Internet était un pays, il serait le 3e plus gros consommateur d’électricité au monde avec 1500 TWH par an, derrière la Chine et les États-Unis.
Pour Anders Andrae, cette situation ne devrait pas s’améliorer avec la multiplication d’appareils connectés. Selon ce chercheur suédois travaillant pour le fabricant chinois Huawei, et qui a participé à une étude récente sur cette problématique, les TIC pourraient utiliser 20 % de toute l’électricité et émettre jusqu’à 5,5 % des émissions mondiales de carbone d’ici 2025.
L’explosion du streaming vidéo
Pourquoi une telle augmentation ? La consommation d’électricité devrait tripler au cours des prochaines années à cause de la très forte croissance du trafic Internet mondial. Deux facteurs l’expliquent cette augmentation. Premièrement, un milliard de personnes supplémentaires se connectent en ligne dans les pays en développement.
Deuxièmement, le tsunami de données provoqué par l’Internet des objets (8,4 milliards d’appareils connectés en 2017, presque 21 milliards trois ans plus tard selon le cabinet Gartner), et le streaming vidéo (en 2015, il a capté 63 % du trafic web mondial) qui séduit de plus en plus d’internautes dans les pays développés.
Tous ces usages s’appuient sur des données stockées dans des datacenters. Un seul consomme autant d’électricité (la climatisation représentant 40 % de cette consommation) que 30 000 habitants européens. Or, ces énormes entrepôts pourraient avoir besoin de plus de 100 TWh d’électricité par an d’ici 2020, selon un rapport publié à Berkeley en 2016. C’est l’équivalent d’une dizaine de grandes centrales nucléaires.
Datacenters et énergies renouvelables
La situation ne sera peut-être pas aussi catastrophique. Google et Apple notamment multiplient les datacenters alimentés en énergies renouvelables ou localisés dans les pays nordiques, afin de profiter de l’air frais pour refroidir les ordinateurs et ainsi minimiser l’utilisation de la climatisation.
En juillet 2017, Google a ainsi décidé d’acquérir toute l’électricité produite dans la ferme solaire (équipée de 123.000 panneaux photovoltaïques) du spécialiste de l’énergie renouvelable Eneco pour alimenter son nouveau datacenter ouvert aux Pays-Bas. Le géant américain a aussi signé des contrats avec vingt parcs éoliens et solaires dans le monde, notamment en Suède et aux Pays-Bas. Résultat, en seulement 10 ans, il est parvenu à diminuer de 50 % les besoins en électricité de ses sites.
Apple mise aussi sur les énergies renouvelables. Chaque nouveau datacenter de l’entreprise est implanté dans une zone permettant de satisfaire une alimentation 100 % renouvelable en continu. Autre initiative intéressante : les rejets de chaleur de son datacenter danois sont directement injectés dans le réseau de chaleur local permettant de réduire la dépendance en énergies fossiles.
Mais nous devons être aussi un peu plus responsables. Plus de 150 millions d’emails sont envoyés chaque minute dans le monde, soit la production électrique de 18 centrales nucléaires pendant une heure. On peut réduire notre consommation en n’envoyant que des courriers vraiment nécessaires, en se désabonnant de newsletters inutiles ou en limitant le nombre de destinataires lors de l’envoi d’un email.
Par Philippe Richard
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