Le site d’échange de fichiers torrents, « The Pirate Bay », – site connu pour enfreindre régulièrement les lois sur le copyright dans les domaines de la musique, du cinéma et des ebooks –, a ouvert une toute nouvelle rubrique de téléchargements, qui peut surprendre : le téléchargement d’objets physiques. Baptisée « Physibles », cette nouvelle rubrique promet de faire parler d’elle.
Par le biais du blog de « The Pirate Bay », un des responsables du site suédois explique la démarche derrière cette nouvelle catégorie : « nous croyons que la prochaine étape dans l’univers de la copie sera de passer de la forme numérique à la forme physique, du fichier numérique à l’objet physique. Ou comme nous avons décidé de les appeler, les « Physibles ». Des objets-données qui ont la possibilité de prendre forme, de prendre vie. »
Le fichier numérique pourrait contenir les informations codant pour la modélisation de l’objet, préalablement scanné, et embrassant plusieurs paramètres tels que le volume, la matière, ou encore la couleur, pour peu qu’ils puissent être utilisés par l’imprimante 3D. Car il faudra, bien entendu, une imprimante 3D pour profiter des avantages des différents fichiers téléchargeables, rendant la tâche plus complexe que de simplement télécharger un fichier MP3. Ce pas en avant ouvre de fantastiques nouvelles possibilités mais il ouvre également la voie à l’effraction de la propriété intellectuelle sur les objets physiques.
« The Pirate Bay » n’est pourtant pas le pionnier du partage de fichiers destinés aux imprimantes 3D. À titre d’exemple, le site « Shapeways » a vu l’année dernière un de ses utilisateurs recevoir une menace de plainte des studios de cinéma Paramount, après avoir créé une réplique en trois dimensions de l’un des accessoires du film Super 8, réalisé par l’Américain J. J. Abrams. Le fichier avait alors été rapidement retiré. « The Pirate Bay » fonctionne différemment, partageant les fichiers Torrents plutôt que d’héberger directement les fichiers en question, rendant toute opération légale plus difficile à mener.
Il y a d’ores et déjà quelques « Physibles » disponibles : une version 3D du logo du site « The Pirate Bay », un circuit de voitures miniatures, ainsi qu’un modèle de robot. Les deux derniers objets sont très probablement des versions contrefaites de designs existant mais, d’après le responsable du site suédois, la démarche n’est pas d’enfreindre systématiquement les lois, soulignant que « le bénéfice pour les entreprises pourrait être énorme. Plus de livraisons à travers le monde […], plus de travail des enfants. »
La nourriture aussi pourrait bien être concernée, bien que les exemples existant ne concernent pour le moment que le chocolat. La limite semble plutôt se trouver au niveau des cartouches pour l’imprimante 3D. En effet, une imprimante ne possédant qu’une cartouche d’un polymère ne pourra fabriquer qu’un chocolat… en polymère. Enfin, le prix des cartouches, déjà élevé pour les imprimantes standards, risque de limiter, pour quelques temps, l’usage de cette technologie pour les particuliers.
Par Moonzur Rahman
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