Tara polar station est un bateau particulier, véritable laboratoire dérivant, conçu pour supporter des températures de -52°C. Le projet a été officiellement présenté ce 21 juin à Paris. Cette base scientifique polaire ovale et dérivante passera 90 % de son temps bloquée dans les glaces arctiques dès 2025. Le chantier sera lancé à l’automne 2022 pour une fin prévue au 1er trimestre 2024.
Mieux comprendre le climat arctique
Les principaux axes de recherche porteront sur une meilleure connaissance des causes et des conséquences du changement climatique dans la région. Quels sont les mécanismes de changement climatique à l’œuvre ? Quels sont les impacts sur les écosystèmes ? Comment évolue la migration des organismes marins vers l’Arctique ? Autant de questions explorées par les chercheurs embarqués à bord. Ils auront aussi à cœur de faire de nouvelles découvertes en biotechnologie et biomédecine, et sur l’adaptation de la vie en conditions extrêmes.
Cette région du globe s’avère en effet clé pour anticiper les effets du changement climatique sur le reste de la planète. « Comprendre les causes et les impacts du changement climatique au pôle Nord va nous permettre de prédire ses effets au sud », prévient Romain Troublé, directeur général de la Fondation Tara Océan. « Sur le long terme, ces explorations affineront les prévisions des modèles météorologiques en Europe d’ici 2050 et les conséquences du changement climatique sur le fonctionnement de notre planète », assure pour sa part Chris Bowler, directeur de recherche CNRS à l’École normale supérieure et président du comité scientifique de la Fondation.
Des missions scientifiques prévues jusqu’en 2045
La Tara polar station permettra d’embarquer un équipage de 12 à 20 personnes pour des missions de 18 mois consécutifs. Pour limiter son impact écologique, le navire embarquera ainsi une station d’épuration, un dégraisseur, un compacteur et un biodigesteur pour traiter les différents déchets générés par la vie du bord. Sur de multiples dérives successives, des scientifiques, artistes, médecins, marins et journalistes du monde entier se succéderont jusqu’en 2045.
« Le navire contiendra 6 laboratoires : un laboratoire humide pour la manipulation des échantillons – y compris les carottes de glace –, des laboratoires secs avec instrumentation, et des laboratoires dédiés à l’expérimentation sur place pour mener des expériences sur ces organismes méconnus et leurs écosystèmes », énumère Chris Bowler.
Ce bateau sera propulsé grâce au déploiement d’éoliennes, de panneaux solaires qui permettent de doubler l’autonomie des batteries et de carburants biosourcés de troisième génération. Il sera notamment équipé de 2 drones, dont un drone marin, d’une rosette de prélèvement et de toute une série de capteurs atmosphériques ou sous-marins qui observeront en continu le milieu ambiant.
18 millions d’euros seront nécessaires à la construction du navire, dont 13 millions d’euros financés par l’État. « Grâce à ce formidable soutien de l’État, nous portons l’ambition de repousser les limites de l’exploration scientifique polaire arctique ces trois prochaines décennies », se félicite Romain Troublé.
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