Au cours des derniers siècles, les activités humaines ont relargué plus de 2 trillions de tonnes de dioxyde de carbone dans l’atmosphère terrestre. Pour limiter le réchauffement climatique, nous devons réduire nos émissions de CO2. En France, la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) vise la limitation de l’augmentation des températures à +1,5 °C par rapport à la période préindustrielle et l’atteinte d’un équilibre entre les émissions et les absorptions de CO2 d’ici 2050. Ce seuil est appelé neutralité carbone ou « zéro émission nette ». Pour y parvenir, deux solutions doivent être mises en place : la réduction directe des émissions de dioxyde de carbone et l’augmentation des puits de carbone.
Selon le site de l’IFPEN, « l’Agence internationale de l’énergie estime, dans le scénario Net Zero Emission by 2050 (NZE) rendu public en 2021, que pour atteindre la neutralité carbone en 2050, 7,6 Gt de CO2 devront être captés par an à partir de 2050, soit 20 % des émissions actuelles ».
Différentes techniques de capture du carbone
Différentes techniques de captage, stockage et valorisation du CO2 (CCUS-Carbon Capture, Use and Storage) se développent. Certaines sont fondées sur l’accumulation naturelle du CO2 par la préservation de l’environnement. On peut ainsi évoquer :
- la plantation d’arbres et l’expansion des forêts ;
- la sauvegarde du littoral côtier qui comprend les marais salants et les herbiers marins, véritables puits de carbone. En les préservant et les restaurants, il est possible de prévenir l’érosion et de protéger les espèces ;
- la reconstitution des écosystèmes marins qui favoriserait le déplacement du carbone de la surface vers les fonds grâce aux courants et aux chaînes alimentaires. Le carbone est contenu dans les plantes et les animaux qui tombent au fond de l’océan lorsqu’ils meurent.
D’autres solutions sont étudiées pour favoriser l’absorption de carbone des milieux naturels :
- ajouter des nutriments comme le fer, le phosphore et l’azote dans les eaux pour augmenter la capacité du phytoplancton à absorber le dioxyde de carbone par la photosynthèse ;
- cultiver des algues riches en carbone. Leurs racines enfoncées dans le fond marin stockent du carbone ou le transforment en nutriments ;
- ajouter des substances alcalines non acides dans l’océan pour extraire et fixer le carbone dans les roches et les sédiments ;
- faire remonter à la surface des eaux profondes, froides et riches en nutriments afin d’augmenter la production de phytoplancton ;
- limiter le labourage des sols agricoles et planter des cultures de couvertures pour réduire la libération de carbone par les terres agricoles.
Enfin, d’autres solutions proposent de recourir aux dernières innovations technologiques pour capter le CO2 :
- l’utilisation de ventilateurs géants pour capturer le CO2 et le piéger grâce à des solvants. Le carbone est ensuite réemployé ou stocké sous terre. De par la faible concentration de CO2 dans l’air, c’est une solution très coûteuse ;
- exploiter la biomasse pour produire de l’énergie. Le CO2 libéré au cours de cette combustion est réutilisé ou stocké ;
- se servir du basalte, qui se lie naturellement au carbone atmosphérique pour le séquestrer dans des dalles rocheuses souterraines ;
- faire passer un courant électrique dans l’eau de mer pour éliminer directement le dioxyde de carbone ;
- capter et réutiliser ou stocker le dioxyde de carbone des fumées d’usine en lavant les vapeurs par des solvants.
Une fois capturé, le carbone peut être stocké dans deux structures différentes : les aquifères salins profonds qui sont des réservoirs d’eau salée non potable situés au fond de l’océan, ou les gisements d’hydrocarbures (pétrole et gaz) épuisés. D’après l’IFPEN « la capacité mondiale de stockage de CO2 serait comprise entre 8 000 et 55 000 gigatonnes. Ainsi, même le chiffre le plus bas (8 000 Gt) dépasse de très loin les 100 Gt de CO2 qui devraient être stockées d’ici 2055 dans le scénario “développement durable” ».
Une solution controversée
La capture de carbone reste un sujet controversé. Si personne ne met en doute le bien-fondé des solutions de préservation des écosystèmes, certains défenseurs de l’environnement remettent en cause la légitimité des technologies de CCUS. En effet, en 2016, treize grandes compagnies pétrolières ont créé un fonds d’un milliard de dollars, l’Oil & Gas Climate Initiative, pour développer ces solutions. Les défenseurs de l’environnement craignent que ces technologies ne soient une distraction de la part de ceux qui ont contribué à l’urgence climatique et n’empêchent de réduire les émissions. Ils redoutent que les pollueurs ne tirent profit de la pollution qu’ils engendrent.
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